D’EMBLÉE, il faut rappeler que la définition anatomique de l’HBP a été remplacée par une définition plus dynamique qui associe des symptômes du bas appareil urinaire (SBAU) à l’hypertrophie de la glande prostatique.
Les SBAU ont des causes diverses (HBP, hyper- ou hypoactivité du détrusor, vessie neurogène, polyurie nocturne, sténose urétrale, tumeur vésicale, prostatite, corps étranger, calcul urétral, tumeur vésicale…). Il va de soi que l’attribution d’un SBAU à une HBP est fondée sur la présence d’un adénome prostatique et l’absence d’une autre cause.
Le Dr Pierre Coeurdacier s’est attardé un moment sur le score IPSS qui permet de quantifier la gravité des symptômes. Ce score, prévu pour être rempli par le patient, constitue pour lui un casse-tête : il est donc important que le médecin l’aide à le remplir. En fait, ce score a été mis au point initialement pour avoir une valeur de départ.
Pour le Dr Gilles Morin, le calendrier mictionnel, facile à faire, peut se montrer intéressant.
Le langage a changé.
Comme l’a rappelé le Dr Morin, le langage de la symptomatologie urinaire dans l’HBP a changé :
– les symptômes irritatifs sont maintenant souvent appelés « symptômes de stockage » : pollakiurie, nycturie, urgenturie (impériosité mictionnelle) ; on remarque au passage que le terme « pollakiurie nocturne » a laissé la place à la « nycturie » (nombre de réveils), que la « pollakiurie » tout court a remplacé la pollakiurie diurne ;
– les symptômes obstructifs sont plus souvent appelés symptômes de vidange : dysurie, diminution du jet, gouttes retardataires.
Il faut savoir que la vessie en elle-même (du fait d’une obstruction vésicale prolongée) peut contribuer à la symptomatologie, expliquant que les troubles urinaires puissent persister après la levée de l’obstacle, ce dont il faut informer le patient.
Quelle est la place du dosage du PSA dans l’HBP ? Certes, il n’a pas d’utilité en lui-même pour le diagnostic d’HBP et, d’ailleurs, il n’est pas recommandé par la Haute Autorité de santé (HAS). Cela dit, on sait qu’un adénome peut coexister avec un cancer ; dès lors, explique le Dr Coeurdacier, on ne peut pas traiter un adénome de manière invasive, en l’occurrence par une résection, chez un patient en âge de pouvoir bénéficier d’un traitement curatif d’un éventuel cancer de la prostate. Faire une résection en ignorant la présence d’un cancer pourrait constituer une perte de chance pour le patient en grevant le geste de prostatectomie (risque d’incontinence beaucoup plus élevé, risque de dysérection beaucoup plus important, risque de fistule rectale beaucoup plus important). Il faut donc savoir de quoi on parle et le dosage du PSA est dans ce cas totalement justifié.
Troubles sexuels.
Par ailleurs, il faut savoir que les SBAU constituent un facteur indépendant de troubles sexuels : 50 % des hommes atteints d’HBP ont une dysfonction érectile (DE).
Dans l’HBP, il y a une altération de la qualité de vie du patient et de sa compagne :
– chez les patients, la nycturie perturbe les nuits, les impériosités conduisent souvent à renoncer à toute sortie de loisirs, la DE perturbe la vie sexuelle ; ce à quoi s’ajoute la crainte du cancer ;
– chez les partenaires, une enquête a montré que la qualité de vie est perturbée par des troubles du sommeil, la peur du cancer, la peur de la chirurgie, la détérioration de la vie sexuelle et l’impact des SBAU sur la vie sociale.
La qualité de vie, comme l’ont précisé les urologues, doit être prise en compte dans la décision thérapeutique : l’objectif en soi n’est pas de traiter la symptomatologie, mais de prendre en compte la qualité de vie. Ce qui signifie :
– en ce qui concerne le traitement médical, de se préoccuper de son éventuel retentissement sur la sexualité ;
– en ce qui concerne la technique chirurgicale, le choix revient au patient dûment informé par le chirurgien entre, d’une part, un geste qui minimise le risque de repousse, mais qui est source de troubles de l’éjaculation et, d’autre part, un geste qui comporte un risque de repousse plus élevé, mais minimise le risque de troubles de l’éjaculation.
Un Rendez-vous du Quotidien du Médecin organisé à Rennes avec le soutien institutionnel des Laboratoires Abbott.
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