LA RÉÉDUCATION, qui peut être effectuée par les kinésithérapeutes ou les sages-femmes, s’adresse à tous les types d’incontinences modérées, qu’il s’agisse d’incontinence urinaire d’effort ou d’hyperactivité vésicale ou encore d’incontinence mixte.
La rééducation urinaire repose sur différentes techniques. Parmi elles, le renforcement des muscles périnéaux est le plus efficace. « Comme les muscles périnéaux sont profonds, ils ne sont pas utilisés spontanément. Le premier travail du rééducateur est donc d’apprendre à contracter ces muscles puis de les entraîner et d’augmenter leur endurance. La prescription porte sur 10 à 12 séances de 30 à 45 minutes chacune, à raison d’une ou deux séances par semaine. Cependant, si l’on veut que les résultats se maintiennent dans le temps, les sujets doivent continuer à entraîner ces muscles de façon régulière, en poursuivant les exercices ainsi appris, à domicile », précise le Pr Robain.
La France est le seul pays à proposer d’office cette rééducation à toutes les femmes dans le cadre d’un post-partum. « Il est probable que chez celles ayant une petite incontinence urinaire après l’accouchement, cette rééducation les aide à redevenir plus vite continentes. En revanche, il n’existe aucune preuve que cette rééducation ait une quelconque action préventive chez les femmes qui n’ont pas ce problème », remarque le Pr Robain.
Outre le renforcement périnéal, essentiel, il existe d’autres techniques de rééducation d’appoint, comme l’électrostimulation avec une sonde vaginale (ou avec une sonde anale pour les incontinences fécales) ou encore au moyen d’électrodes qui, en délivrant un courant, provoquent une contraction des muscles périnéaux. Cette technique est surtout utile chez les personnes qui n’arrivent pas à contracter les « bons » muscles.
D’ailleurs, pour les aider à les repérer, la technique du biofeedback – qui repose sur l’apparition d’un signal sonore ou visuel d’autant plus important que le patient réussit ses exercices – représente une aide précieuse. « Cependant, ces techniques ne peuvent remplacer le renforcement musculaire, dont le niveau de preuve est le plus élevé », rappelle le Pr Robain.
À côté de ces méthodes reconnues, d’autres ont même un niveau de preuve très bas. C’est le cas des chaises électromagnétiques (surtout proposées aux États-Unis) qui ont également pour objectif une contraction des muscles périnéaux. Quant à la technique du « pipi stop », elle n’est pas recommandée, car ce n’est pas une rééducation et elle peut favoriser les infections et les dysfonctions sphinctériennes. Enfin, le recours aux cônes vaginaux de poids variable (en vente libre en pharmacie), à porter au moins une demi-heure par jour tout en vaquant à ses occupations habituelles, est un peu tombé en désuétude : en effet, les plus efficaces (qui sont aussi les plus lourds), ne seraient pas toujours bien acceptés…
Quels résultats ? La rééducation urinaire s’adresse aux personnes gênées par une incontinence urinaire d’effort, des urgences mictionnelles ou une incontinence mixte, et les recommandations actuelles sont de commencer par la rééducation périnéale, quel que soit leur âge (à condition que les patients soient capables de comprendre ce qu’on leur demande). La rééducation améliore ou guérit de 30 à 50 % des incontinences urinaires modérées. « Si la guérison est obtenue au terme des 12?séances initiales, la poursuite du renforcement périnéal à domicile porte sur une vingtaine de contractions quotidiennes. Elle n’empêche pas de vaquer à d’autres activités et ne prend donc pas beaucoup de temps. Correctement faite, elle permet de pérenniser les résultats, avec un recul de 5 à 10 ans », souligne le Pr Robain. Si une amélioration est obtenue, mais qu’elle est insuffisante, une nouvelle série d’une
dizaine de séances peut être à nouveau programmée. « En revanche, si aucune amélioration n’est notée, il n’y a pas d’indication à poursuivre, a fortiori si l’incontinence est sévère et que les muscles périnéaux sont déjà bons (il va être difficile de faire mieux). D’autres solutions doivent alors être envisagées : médicaments, chirurgie, etc. »
D’après un entretien avec le Pr Gilberte Robain, médecine physique et réadaptation, hôpital Rothschild, groupe STARTT, Paris.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024