Mise au point

Reconnaître l’éjaculation précoce

Publié le 23/10/2014
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Crédit photo : Phanie

La définition de l’International society for sexual medicine (ISSM) intègre la notion de durée.

Pour le Dr André Corman, la meilleure définition est celle de l’ISSM : « L’EP est une dysfonction sexuelle masculine caractérisée par une éjaculation qui survient toujours ou presque toujours avant ou au plus environ une minute après la pénétration vaginale, par une incapacité à retarder l’éjaculation lors de toutes ou presque toutes les pénétrations vaginales… »

Le DSM-5, quant à lui, définit le trouble comme une « éjaculation déclenchée par une stimulation minimum avant, au moment ou juste après la pénétration et survenant de façon constante ou récurrente avant que l’homme ne le veuille ». Ici pas de notion de durée, l’EP reste à l’appréciation du praticien et à celle de l’homme et de son souci de performance.

Les questions à se poser

• S’agit-il d’une malhabileté sexuelle ?

Au-dessous du seuil d’1 minute, il s’agit réellement d’une pathologie, un traitement pharmacologique doit être prescrit. Au-delà de 2 minutes, on peut parler de malhabileté, de mauvais apprentissage, d’angoisse de performance ; le traitement relève d’abord du conseil.

Entre 1 et 2 minutes, les avis divergent et la prise en charge se fait au cas par cas, l’appréciation de son trouble par le patient étant souvent subjective.

• Primaire ou secondaire ?

L’EP primaire concerne tous les rapports sexuels, avec toutes les partenaires, depuis le début de l’activité sexuelle.

L’EP secondaire survient après une période de vie sexuelle où l’éjaculation ne posait pas de problème. Le changement peut être apparu après des événements survenus dans la vie personnelle de l’individu ou dans sa vie de couple. Dans ce cas, l’EP est souvent lié à un trouble de l’érection, homme recherchant une excitation maximale pour obtenir et maintenir une érection qu’il a peur de perdre et, de ce fait, il précipite la survenue de son éjaculation.

Comprendre la prise en charge de l’EP

La prise en charge est variable selon les individus mais relève le plus souvent d’un traitement associant une thérapie sexologique à un traitement pharmacologique (dapoxétine).

L’éjaculation est un réflexe. Si l’homme veut gérer son éjaculation, il lui faut moduler son réflexe, en jouant sur les stimulus que sont les sensations et les émotions. Plusieurs sexothérapies comportementales lui permettent de jouer avec ces paramètres.

Mais la gestion de l’excitation nécessite également la présence de sérotonine dans les espaces intersynaptiques, sérotonine qui fait défaut en cas d’EP.

Si la durée avant éjaculation est› 2 minutes, le patient va pouvoir gérer son trouble par la gestion de son comportement.

Si la durée est ‹ 2 minutes, le traitement pharmacologique est la règles. Il va apporter au patient le temps de l’apprentissage et lui permettre de moduler plus facilement son excitation.

Ce qu’il faut retenir

• C’est une pathologie source de grandes souffrances et qui concerne le couple.

• C’est une pathologie qui se soigne.

D’après un entretien avec le Dr André Corman, médecin sexologue andrologue, président du Syndicat national des médecin sexologues.

Dr B. M.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9359