Le praticien ne disposait pas jusqu’à aujourd’hui de traitements développés spécifiquement dans l’indication de l’éjaculation précoce. C’est chose faite avec l’arrivée de Priligy (dapoxétine, laboratoires Ménarini), puissant inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine à demi-vie courte. « En effet, explique le Pr François Guiliano (neuro-uro-andrologue, hôpital Raymond Poincaré, Garches), l’éjaculation est un mécanisme complexe neurobiologique faisant intervenir différents neuromédiateurs dont la sérotonine qui joue un rôle clé en permettant de retarder l’éjaculation. Un meilleur contrôle de l’éjaculation passe donc par une action sur la sérotonine, neuromédiateur qui module la réponse éjaculatoire liée à un stimulus périphérique. Priligy augmente les taux de sérotonine dans la fente synaptique, retardant ainsi l’éjaculation. »
Une administration à la demande.
L’absorption de la dapoxétine est très rapide et la concentration plasmatique maximale est atteinte entre 1 et 2 h après l’administration orale et sa demi-vie d’élimination est également rapide (1 h30). Ce profil pharmacocinétique est adapté à une prise à la demande ; elle n’entraîne aucun effet antidépresseur ni aucun des effets indésirables liés à la classe des ISRS (inhibiteur spécifique de la recapture de la sérotonine).
L’éjaculation précoce concerne un homme sur trois, quel que soit son âge, avec des niveaux de sévérité variés. « Ce trouble sexuel est caractérisé par une éjaculation trop rapide (≤1 min) après pénétration vaginale, avec une absence de contrôle et un retentissement psychologique et sur la vie de couple important. Aussi, l’effet pharmacologique de la dapoxétine est un détonateur de sens, » affirme le Dr Marie-Hélène Colson (médecin sexologue, hôpital Sainte-Marguerite, Marseille).
Une amélioration significative de l’IELT.
Le programme de développement clinique de la dapoxétine a impliqué plus de 6000 sujets au travers de 5 essais cliniques en double aveugle, contrôlés versus placebo. L’étude principale est celle dirigée par Jacques Buvat (1) : étude de phase III, contrôlée versus placebo, multicentrique, randomisée, en double aveugle, en groupes parallèles, menée chez 1162 patients et évaluant l’efficacité et la tolérance à 6 mois de la dapoxétine (30 et 60 mg), en traitement à la demande. Le critère principal était le temps de latence éjaculatoire intravaginal (IELT pour intravaginal ejaculatory latency time) à 24 semaines. Les résultats montrent que Priligy, quel que soit le dosage, multiplie par 3 à 4 l’IELT, par rapport à l’état initial. Il améliore également le score global de satisfaction des patients, le contrôle de l’éjaculation et la qualité des relations sexuelles. Cette efficacité est dose dépendante.
Le profil de tolérance de Priligy est bon avec quelques effets secondaires légers à modérés principalement à type de nausées, céphalées, insomnie, diarrhée et fatigue. De rares cas de syncopes vasovagales peuvent être prévenues la réalisation d’un test orthostatique avant l’instauration du traitement et en conseillant au patient de bien s’hydrater et de ne pas lever trop rapidement après la prise de Priligy. Cette prescription est accompagnée d’un livret d’information à destination du patient.
D’après une conférence de presse des laboratoires Ménarini
1. Buvat J, et al. Eur Urol. 2009 ; 55 (4) : 957-67.
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