Avec plus de 3 000 participants, le congrès annuel de la Société Française de Rhumatologie (SFR) se place au premier rang des congrès francophones de rhumatologie et au troisième rang mondial, après les congrès des sociétés européennes (EULAR) et nord-américaine (ACR). Il témoigne ainsi du fort dynamisme de la rhumatologie française, qui se confirme maintenant depuis plusieurs années. Ce congrès, attendu avec impatience chaque année, est un succès salué par tous, et ceci pour diverses raisons :
•La qualité du programme scientifique, établi de façon rigoureuse par un comité scientifique choisi pour ses compétences. Cette année, celui-ci a reçu près de 950 soumissions de travaux scientifiques et a dû faire un choix ; ainsi, près 25 % des soumissions ont été refusées, et ce sont 198 communications orales et 469 affiches qui doivent être présentées durant les quatre jours du congrès.
•La juste proportion entre données scientifiques et sessions de formation médicale continue. C’est un point crucial, souligné par tous, et sur lequel le comité d’organisation du congrès a su, année après année, arriver à un point d’équilibre qui satisfait maintenant le plus grand nombre. Combien de collègues libéraux nous ont dit être acquis à cette formule qui permet de valoriser les diverses facettes de notre spécialité et les différents types d’exercice. Le grand nombre de sessions parallèles et la répétition de certaines sessions permettent à chacun de se faire un programme à la carte et de trouver son « bonheur » ; cette année sous l’égide du CFMR (collège français des médecins rhumatologues), une journée sera spécifiquement consacrée aux problématiques professionnelles dans la démarche qualité de la gestion au quotidien des incidents sous biothérapies.
•La participation de nombreux pays francophones, toujours plus soutenue. Au premier rang et toujours fidèles, les pays francophones d’Afrique du Nord et d’Europe, ont été progressivement suivis par l’Afrique subsaharienne, mais également le Moyen Orient, l’Amérique du Sud et le Canada. La pérennisation de cette participation est importante car elle confirme que, pour nombre de ces pays, la rhumatologie « à la française », c’est-à-dire ne s’intéressant pas exclusivement aux rhumatismes inflammatoires, mais bien à l’ensemble des pathologies ostéo-articulaires (de l’ostéoporose à l’arthrose, en passant par les maladies auto-immunes et métaboliques, les pathologies rachidiennes, abarticulaires et tumorales…), reste un modèle et un exemple à suivre.
•Un programme spécifique pour les professionnels de santé impliqués dans la prise en charge des pathologies rhumatologiques, établi par un comité pluridisciplinaire comprenant des infirmières, cadres de santé, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychologues cliniciens, secrétaires, diététiciennes… ; une session de communications spécifiques à l’éducation thérapeutique a été créée en 2010.
•La participation active des associations de patients, très dynamiques et dont l’activité, indispensable et reconnue, est complémentaire de celle de la SFR.
L’éclairage apporté par le « Quotidien du Médecin » sur notre congrès est l’occasion de faire connaître à d’autres collègues les actions de la SFR et les grandes orientations actuelles de la rhumatologie française, spécialité en plein mouvement et qui a été bouleversée ces dix dernières années :
1. La SFR soutien ou assure la promotion d’ambitieuses cohortes nationales, et nous citerons : la cohorte ESPOIR (Étude et Suivi des POlyarthrites Indifférenciées Récentes), initiée en 2003 sur la base d’une collaboration très étroite entre rhumatologues libéraux et hospitaliers, et qui a permis d’inclure 815 patients souffrant d’une polyarthrite récente. Cette base de données a été à l’origine de l’élaboration de nombreux projets de recherche visant à répondre à des questions d’ordre physiopathologique, diagnostique, pronostique, médico-économique concernant la polyarthrite rhumatoïde. De plus, les résultats ont été exploités pour déterminer les nouveaux critères EULAR/ACR de diagnostic de la polyarthrite rhumatoïde qui vont favoriser un diagnostic et un traitement précoces, éléments essentiels de la prise en charge ; la cohorte KHOALA qui concerne la pathologie arthrosique, extrêmement répandue ; la cohorte DESIR (DEvenir des Spondylarthropathies Indifférenciées Récentes), qui a permis d’inclure 700 patients souffrant d’une spondylarthropathie probable ou certaine ; là encore, la base de données offrira l’opportunité de répondre à de nombreuses questions touchant notamment au pronostic et à l’intérêt diagnostique et pronostique d’examens sophistiqués d’imagerie tels que l’imagerie par résonance magnétique.
2. La SFR soutient plusieurs registres qui sont indispensables, et complémentaires des essais thérapeutiques, notamment pour évaluer la tolérance des nouveaux traitements mis à notre disposition, et ceci chez des patients de la « vraie vie », c’est-à-dire ayant un certain nombre de comorbidités. Nous citerons : le registre AIR-PR qui a colligé les données de tolérance chez plus de 2 000 patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde et traités par rituximab ; le registre ORA qui concerne les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde et traités par abatacept ; le registre REGATE qui s’adresse aux patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde et traités par tocilizumab ;
3. La SFR s’est également fortement impliquée dans le financement de travaux de recherche en rhumatologie, que ce soit à travers des subventions pour des projets ciblés, monocentriques ou collaboratifs de plus grande ampleur, ou des bourses permettant d’assurer un séjour à l’étranger pour de jeunes rhumatologues en devenir ou le financement d’une année de Master ou de thèse d’université ; ce sont, au total, plus de 40 000 euros distribués chaque année par la SFR, après une sélection rigoureuse effectuée par son conseil scientifique. 2010 correspond par ailleurs à la naissance du fonds de dotation « France Rhumatismes » dont l’objectif principal est de recueillir des fonds complémentaires pour intensifier le financement destiné à la recherche en rhumatologie ; à noter par ailleurs un rapprochement et la mise en place d’actions communes avec la Fondation Arthritis.
4. La SFR a également beaucoup participé, à l’initiative du Pr P. Bourgeois, au développement de l’échographie ostéo-articulaire qui est devenue un élément incontournable et attractif de la rhumatologie moderne ; elle a ainsi partiellement financé l’acquisition d’appareils d’échographie par de nombreux services hospitaliers de rhumatologie et a soutenu la mise en place d’un diplôme universitaire d’échographie (ECRIN), dont le succès ne se dément pas. En 2010 et en 2011, d’autres services hospitaliers pourront acquérir un appareil d’échographie avec évaluation nationale de l’implication des rhumatologues en échographie grâce à l’étude SONDECHO.
Ainsi, nous pouvons mesurer le chemin parcouru ces dernières années, et… nous n’en sommes qu’au début de l’histoire. La Société Française de Rhumatologie continuera à accompagner les rhumatologues français et les patients pour s’adapter aux bouleversements, notamment thérapeutiques qui, n’en doutons pas, vont se poursuivre au cours des prochaines années.
Président du 23e Congrès français de rhumatologie
Vice-Présidente du 23e Congrès français de rhumatologie
Vice – Président du 23e Congrès français de rhumatologie
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