SI LA RELATION entre goutte et maladies cardio-vasculaires est bien connue, le rôle propre de l’acide urique ou des cytokines inflammatoires (CRP, IL6), dont il induit la sécrétion, reste obscur. En Allemagne, 1 056 patients âgés de 30 à 70 ans ayant une cardiopathie ischémique stable ont ainsi été suivis pendant huit ans (1). À l’inclusion, 229 d’entre eux étaient également goutteux. Ces patients avaient un profil cardiométabolique défavorable avec des taux sériques de CRP, d’IL6 et d’acide urique élevés. Au cours du suivi, un événement cardio-vasculaire (ECV), fatal ou non, est survenu chez 151 patients (incidence de 21,1 pour 1 000 patients années), corrélé aux taux d’acide urique (p = 0,003) et de CRP (p = 0,002). Après ajustement prenant en compte l’âge, le sexe, le lieu d’hospitalisation, le risque cardio-vasculaire augmentait proportionnellement à l’élévation de l’uricémie (HR de 1,53, 1,74 et 2,8 pour les trois quartiles supérieurs d’uricémie). Un diagnostic clinique de goutte ne renforçait pas cette association. En revanche, il n’a pas été observé de relation entre taux de CRP et risque cardio-vasculaire. Ces données suggèrent que, indépendamment de la présence de goutte, le taux sérique d’acide urique (contrairement à celui de la CRP) est prédictif du risque cardio-vasculaire chez des malades présentant une cardiopathie ischémique stable. Le traitement de l’hyperuricémie asymptomatique pourrait ainsi permettre de prévenir le risque cardio-vasculaire.
Une équipe espagnole a également cherché à préciser les liens entre goutte, risque cardio-vasculaire et mortalité (2). Une étude observationnelle prospective a ainsi été réalisée sur une cohorte de 706 goutteux, de 1992 à 2008. Le suivi moyen a été de quarante-sept mois. Parmi eux, 30,5 % avaient des tophi, 34,6 % une atteinte polyarticulaire (› 4), 41,2 % une hypertension artérielle, 42,2 % une dyslipidémie, 20,1 % un diabète et 26,6 % une insuffisance rénale.
Le nombre moyen de poussées pendant l’année précédant la première évaluation était égal à 3,4 par patients années. Au total, 64 sujets (9,1 %) sont morts pendant la période d’observation : 38 décès (59 %) ont été attribués à une cause cardio-vasculaire. Comparé à la population générale, le taux de mortalité standardisé chez les goutteux est de 2,37 (IC 95 : 1,82-3,03). En analyse bivariée, la présence de tophus (HR = 1,99) et l’uricémie initiale (HR ajusté = 1,17 par mg/ml supplémentaire) étaient deux paramètres indépendamment associés à un risque élevé de mortalité, de cause cardio-vasculaire dans la plupart des cas chez des patients goutteux. Les autres facteurs associés étaient la prise de diurétiques de l’anse (HR ajusté = 1,98), un antécédent d’ECV (HR ajusté = 2,32) et l’âge (HR ajusté = 1,08).
En conclusion, les auteurs de l’étude soulignent l’importance d’instaurer un traitement hypo-uricémiant avant la survenue d’une goutte sévère.
(1) Rothenbacher D et al. OP 0100.
(2) Perez-Ruiz F et al. OP 0102.
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