Quoi de neuf en gériatrie ?

Revue de la littérature

Publié le 03/04/2015
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Une étude publiée dans l’American Journal of Medicine (1) confirme l’intérêt de la mesure de la force de contraction isométrique par un dynamomètre après fracture du col du fémur (FESF). Ces fractures ont des conséquences graves : 20-25 % des patients décèdent dans l’année suivante, 10 % sont admis en institution et 30 % des patients indépendants pour la marche ne le sont plus après la FESF. On sait que la mesure de contraction isométrique est corrélée à la mobilité, au déclin cognitif, au risque d’hospitalisation non programmée, à la fragilité… Cette nouvelle étude visait à montrer que la force de contraction isométrique au décours d’une FESF, permettait de prédire la capacité de remarcher à un an. Elle a inclus plus de 500 patients opérés (âge moyen 85 ans) chez lesquels trois mesures ont été effectuées en position couchée. Puis les patients ont été interrogés par téléphone dans l’année suivant l’opération. La récupération fonctionnelle apparaît meilleure et plus durable si la force musculaire mesurée en péri-opératoire est élevée ; la survie sera également meilleure.

Le fardeau des aidants

Une autre étude américaine (2) a porté sur les profils des aidants de malades ayant des troubles cognitifs. 80 % sont des membres de la famille. Elle a été réalisée à l’admission à l’hôpital auprès de 495 couples patient-aidant. 17,8 % des patients souffraient d’un syndrome démentiel et 23,2 % de confusion. Le fardeau des aidants est supérieur lorsqu’il s’agit de l’épouse, avec une dépression patente, et que ses ressources financières sont faibles. L’étude souligne qu’avant la démence, un syndrome confusionnel est un fardeau très lourd pour les aidants.

L’hydratation parentérale en fin de vie

Une étude multicentrique, randomisée en double aveugle versus placebo avec des critères éthiques très stricts, a été réalisée aux États-Unis chez 129 patients atteints de cancer métastatique (stades 3 ou 4) d’âge moyen 67 ans (espérance de vie ≥ 7 jours, sans confusion initiale) pour évaluer l’impact d’une hydratation parentérale en fin de vie. Un groupe a reçu à domicile 1 000 ml en perfusion et l’autre groupe 100 ml. (3) Les résultats montrent que l’hydratation palliative (1 000 ml) n’améliore pas significativement la survie (13 versus 21 jours), ni les symptômes psychiques, ni les symptômes généraux de déshydratation, ni la qualité de vie par rapport à une hydratation de 100 ml.

Mammographie de dépistage après 74 ans

En France, comme aux États-Unis, le dépistage systématique du cancer du sein n’est plus recommandé après 74 ans. En pratique, il n’est pas toujours facile d’informer les femmes et les aider à prendre une décision. Les auteurs de l’étude (4) ont rédigé avec des experts un document d’aide à la décision, simple et compréhensible. Ce document a été testé auprès des femmes ; avant sa lecture 82 % étaient d’accord pour passer une mammographie, après lecture, elles n’étaient plus que 56 %. Cette approche éducative s’avère ainsi intéressante dans un programme de prévention afin d’obtenir un choix éclairé de la patiente. Ce type d’outil pédagogique pourrait certainement être utilisé pour d’autres pathologies.

D’après un entretien avec le Pr Philippe Chassagne, service de médecine interne gériatrique, CHU Rouen

 

(1) Savino E. et al. Am J Med 2013 Dec ; 126(12):1068-75.e1

(2) Kalpana N. et al. J Am Geriatr Soc. 2014 Feb ;62(2):276-84

(3) Bruera A. et al. 2013 Jan 1 ;31(1):111-8

(4) Schonberg Mara A. et al. JAMA Intern Med. 2014 Mar 1;174(3):417-24

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du Médecin: 9397