« Dans la maladie d’Alzheimer, on s’est toujours beaucoup intéressé aux troubles cognitivocomportementaux et peu, aux troubles moteurs qui évoluent parallèlement », explique la Dr France Mourey (Inserm U1093, Dijon).
Or, les troubles cognitifs sont généralement, assez vite, associés à des troubles moteurs : diminution de la vitesse de marche, de la longueur des pas, troubles de l’équilibre… L’une des principales conséquences de ces troubles est la survenue des chutes. Il en résulte une perte plus ou moins rapide de l’autonomie avec un risque croissant d’entrée en institution.
« Chez ces patients, assez précocement, on observe, parallèlement au développement des troubles cognitifs, des troubles des activités posturales anticipatrices c’est-à-dire des troubles dans les ajustements posturaux précédant tous les mouvements corporels, dans le but de réduire les déséquilibres », déclare la Dr Mourey.
Même si l’évaluation des troubles de l’équilibre et de la marche s’avère parfois difficile en raison de troubles attentionnels, de la fatigabilité et de la difficulté à comprendre les consignes, il a été établi que les programmes de rééducation cognitivomotrice amélioraient les patients présentant des troubles cognitifs, en termes d’indépendance fonctionnelle et aidaient à prévenir les chutes. Cette rééducation peut se poursuivre tout au long de l’évolution de la maladie.
« Or, on s’aperçoit que trop peu de patients commençant à présenter des troubles cognitifs bénéficient actuellement de cette rééducation motrice, sauf bien sûr, s’ils sont porteurs d’une autre pathologie affectant la marche… » souligne la Dr France Mourey.
Les programmes de rééducation sont d’autant plus efficaces qu’ils sont mis en place précocement et qu’ils s’intègrent dans une prise en charge pluridisciplinaire.
Le projet de recherche MAAMI
Une meilleure compréhension des déficiences sensorimotrices et des effets sur la planification du mouvement est nécessaire pour améliorer la prise en charge de ces patients. En regard des difficultés observées dans l’utilisation des méthodes d’apprentissage explicites, les méthodes implicites basées sur l’imitation et la contagion motrice constituent des pistes essentielles dans l’élaboration des programmes de réhabilitation.
« C’est ainsi que nous avons développé, dans le cadre des thérapies non médicamenteuses, le projet maladie d’Alzheimer et apprentissage moteur implicite (MAAMI) avec l’agence nationale de la recherche », poursuit la Dr Mourey. Ce projet vise à développer des outils adaptés aux besoins de cette population pour permettre une stimulation efficace des fonctions cognitives et motrices, au plus près des activités de la vie courante.
Il a pour ambition au plan théorique de mieux comprendre l’effet des couplages perception-action sur le maintien des compétences motrices des patients atteints de maladie d’Alzheimer (stade léger et modéré) et au plan technologique de renforcer leurs capacités cognitives et motrices avec des outils issus de la réalité virtuelle et des jeux interactifs. La combinaison de séquences musicales aux exercices de rééducation motrice de façon à renforcer, autant que faire se peut, la programmation et l’exécution motrice constitue un objectif important de projet.
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