La crampe, une contraction musculaire intense, involontaire, plus souvent du mollet ou du pied, est soulagée par un étirement des muscles agonistes ou antagonistes. 36 % des adultes de plus de 60 ans en souffrent. Leur survenue étant favorisée par des médicaments (statines ou diurétiques), des comorbidités (diabète ou hypertension artérielle), le sport, etc.
Le lien entre sédentarité et crampes est confirmé dans l’étude conduite par la Dr Chloé Delacour, cheffe de clinique du département de médecine générale (CHU de Strasbourg), puisque 64,4 % des personnes sédentaires ont effectivement des crampes nocturnes, probablement dues à l’atrophie des fibres musculaires inhérentes à l’âge d’une part, à la sédentarité d’autre part. Le lien avec la consommation d’alcool (dont on connaît la toxicité sur le muscle) est aussi établi, le risque étant alors multiplié par 6,5, sans que l’on puisse définir de volume à partir duquel cet effet a lieu. Contrairement à une idée reçue, il semble que le vin blanc ne soit pas plus pourvoyeur de crampes. « Les crampes sont en tout cas l’occasion d’évoquer la consommation d’alcool », souligne la Dr Delacour. Reste à confirmer le lien de causalité.
Dépister l’AOMI
Pour un membre inférieur douloureux, l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) doit également être évoquée. Son dépistage peut être assuré par le médecin généraliste grâce à la mesure de l’index de pression systolique (IPS), puis confirmé par un échodoppler.
En population asymptomatique, la prévalence de l’AOMI est de 10 à 20 % chez les plus de 55 ans ; elle est multipliée par 10 chez les personnes symptomatiques. La prise en charge des facteurs de risque est fondée sur le triptyque nutrition, activité physique et médicaments vasculaires. Cette stratégie de dépistage est-elle coût/efficace ? Doit-elle être encouragée ? « Oui, répond la Dr Clarisse Dibao-Dina, cheffe de clinique du département de médecine générale (CHU de Tours), à condition toutefois que le médecin lui consacre une consultation : cet acte est coté, non invasif et peu chronophage ».
Un certain nombre d’obstacles au déploiement du dépistage ont été identifiés : la difficulté de percevoir un pouls distal (pédieux ou tibial postérieur) ou encore le diamètre du brassard, dont la position sur la cheville peut être variable, à l’origine de différences de mesure de l’IPS, interindividuelles et intra-individuelles, qu’a observées la Dr Anaïs Quartino dans un travail de thèse. La précision s’accroît avec la répétition des mesures, ce qui plaide pour une technique rigoureuse et de réalisations plus systématiques.
L’IPS peut être considéré comme un marqueur indépendant de risque vasculaire s’il est inférieur à 0,90 ou supérieur à 1,40, prédictif de morbimortalité cardiovasculaire. S’il existe des recommandations pour la prise en charge à ces valeurs extrêmes, on ne sait pas ce qu’il convient de proposer dans la zone grise d’IPS de 1,20 à 1,40. Ce marqueur, l’IPS, à ces valeurs en particulier, est semble-t-il un indicateur de risque vasculaire, les patients étant d’ailleurs dans la zone grise sont plus souvent des hommes, de plus de 45 ans, avec un IMC de plus de 25, voire des antécédents personnels cardiovasculaires. Il serait plus précieux, parce que plus précoce, que l’épaisseur intimamédia ou la vélocité de l’onde de pouls.