La rhumatologie interventionnelle est un domaine assez vaste puisqu’elle recouvre l’ensemble des gestes que font les rhumatologues, des plus simples comme la ponction de genou ou l’infiltration du canal carpien, aux plus complexes, comme la cimentoplastie ou l’aponévrotomie à l’aiguille dans la maladie de Dupuytren.
« Jusqu’à ces dernières années, la pratique régulière des infiltrations se fondait sur les repères anatomiques, rappelle le Dr Henri Lellouche. Les gestes nécessitant un guidage et donc un plateau technique étaient réservés de fait aux rhumatologues ayant une activité à l’hôpital ou en clinique ».
Mais le large développement de l’échographie est venu bouleverser la spécialité, tant pour le diagnostic que pour les gestes. « Aujourd’hui, la vision de la rhumatologie interventionnelle est complètement différente, car la majorité des jeunes rhumatologues sont devenus échographistes et que bon nombre de gestes se font avec guidage », poursuit le Dr Lellouche. L’échographie a simplifié l’interventionnel, le recours à un plateau technique est moins souvent nécessaire et la notion « d’agressivité » des gestes doit être revue à la baisse.
L’utilisation de l’échographie en pratique quotidienne a permis d’accroître le nombre de gestes pouvant être réalisés par le rhumatologue au cabinet médical, avec un gain en termes d’efficacité. « Le meilleur repérage et donc la plus grande efficience dans le choix du site d’injection permet de réduire le nombre d’infiltrations nécessaires dans un certain nombre de cas », rappelle le Dr Lellouche. Ceci a notamment été prouvé dans la tendinite de De Quervain, où le taux de succès après une injection est de 99 % avec guidage échographique comparativement à 70 % sans guidage. Parallèlement, la qualité de la pratique sans échographie s’est aussi améliorée, grâce à l’intégration des repères.
50 à 80 rhumatologues formés chaque année
Cette évolution a été facilitée par la mise en place de formations diplômantes bien réparties sur le territoire et la volonté de la Société Française de Rhumatologie et des associations libérales d’offrir des sessions de partage d’expériences et de formation. De 50 à 80 rhumatologues sont désormais formés chaque année à l’interventionnel.
Bien sûr, la réalisation d’un plus grand nombre de gestes au cabinet médical s’est accompagnée d’une indispensable rigueur en matière d’asepsie, avec le suivi de règles strictes. « Des enquêtes de terrain ont montré que les sepsis après infiltration sont rares, moins de 1/38 000 gestes », précise le Dr Lellouche.
Aujourd’hui, le recours à l’échographie fait partie intégrante de l’examen clinique, la sonde étant en quelque sorte le stéthoscope du rhumatologue. Cet outil a bonifié les gestes. À terme, la formation en échographie devrait faire partie intégrante du cursus de formation initiale du rhumatologue.
D’après un entretien avec le Dr Henri Lellouche, hôpital Lariboisière, Paris
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