Facteurs favorisants
Les facteurs favorisants sont, au-delà de l’âge et du genre, le surpoids, les accidents de sport (handball, rugby, volley-ball ou encore les danseurs professionnels) mais aussi la pratique professionnelle. Dans une enquête épidémiologique, 19 % des travailleurs danois, tous secteurs confondus, se plaignent de douleur du genou lors de la première année d’activité.
On sait que le travail en milieu hyperbare peut expliquer des lésions du genou et justifie une surveillance radiologique ou par IRM prolongée. Au travail, l’hygroma aigu ou chronique (souvent bilatéral et associé à une hyperkératose dans ce cadre), la tendinite sous-quadricipitale ou rotulienne, la tendinite de la patte-d’oie ouvrent droit à indemnisation au titre du tableau 57D. Les lésions chroniques du ménisque à caractère dégénératif et leurs complications (fissuration ou rupture) au tableau 79 4. La gonarthrose n’est pas indemnisée dans le cadre des maladies professionnelles, mais peut l’être s’il s’agit d’une séquelle tardive d’une rupture du ménisque ou des ligaments croisés antérieurs du genou survenus lors du travail.
Rôle du travail
Après correction des autres facteurs influents, déjà cités, l’ensemble de la littérature 1-5 est unanime concernant le risque de développer une pathologie du genou, dans certaines conditions de travail. Citons les par ordre de décroissance du risque relatif : être agenouillé ou accroupi plus d’une heure par jour ; se relever de ces deux positions plus de 30 fois par jour ; marcher plus de trois kilomètres par jour ; porter ou soulever des charges de plus de 25 kg, plus de dix fois par semaine ; enfin, monter un escalier ou une échelle plus de 30 fois par jour. Le surpoids est un facteur aggravant avec un risque relatif de 14,7 s’il est associé à un travail nécessitant une position agenouillée ou accroupie.
Les professions pour lesquelles cette contrainte a été étudiée sont nombreuses : dockers, mineurs, ouvriers du BTP (du gros œuvre comme les maçons, ou étancheurs par exemple, du second œuvre comme les peintres ou serruriers…). La liste est longue et uniquement indicative car seule la connaissance approfondie du poste de travail doit attirer l’attention du praticien sur une origine professionnelle présumée. Elle peut être connue soit par l’interrogatoire soit en se rapprochant du médecin du travail, qui a libre accès au lieu de travail.
Maintien dans l’emploi
Une collaboration entre médecins généralistes et médecins du travail sera de plus en plus nécessaire en raison du vieillissement annoncé de la population active, de la difficulté de reclassement des personnes peu qualifiées, précisément celles sur lesquelles pèsent les plus fortes contraintes physiques au poste de travail. Cette collaboration est illustrée par la visite de préreprise. De quoi s’agit-il ? Après un arrêt et dès que le retour au travail est envisageable cliniquement, le médecin traitant doit, avec l’accord du patient, fournir l’ensemble des éléments médicaux au médecin du travail et lui demander une visite de préreprise. Elle permet d’évaluer des séquelles éventuelles, l’adéquation du poste de travail et l’état de santé et, ainsi, prévoir d’éventuels aménagements de poste.
La prévention
Les altérations du genou appartiennent à la grande famille des troubles musculosquelettiques, défi actuel et important lancé à la santé publique. Bien entendu, le surpoids doit être combattu par une action commune de différents protagonistes (médecins, diététiciens, psychologue…). De son côté, le médecin du travail doit informer employeurs et salariés sur la riposte aux gestes professionnels nocifs (apprentissage de l’économie articulaire), accompagner et encourager les essais d’aménagements et de transformations des postes de travail (alternances des taches, pauses régulières, aide à la manutention, port de genouillères en mousse incorporées au pantalon…)
Rôle du médecin traitant
Le médecin généraliste traite de façon symptomatique les douleurs (antalgiques de classe I, anti-inflammatoires per os et locaux en évitant les classe II du fait de leurs effets sur la vigilance, en particulier au travail et lors de la conduite automobile), effectue la prescription de kinésithérapie (musculation, neurostimulateur…). Il sera soutenu par le médecin du travail dans la reconnaissance du caractère professionnel de la pathologie et pour la décision d’une reprise réussie du travail.
L’indemnisation
Hormis les cas prévus aux tableaux des maladies professionnelles (régis par la loi du 25 octobre 1919), il existe un système subsidiaire. Une demande auprès des Comités Régionaux de Reconnaissance en Maladie Professionnelle peut être effectuée, si le taux d’IPP, (accordé par le médecin-conseil) est supérieur à 25 % et qu’un « lien direct et essentiel existe entre l’activité professionnelle habituelle et la maladie ». La prévalence de cette affection et l’accumulation progressive de données objectives rendent possible une future inscription au sein des tableaux de maladies professionnelles.
Références
1- Coggon D., Croft P., Kellingray S., Barrett D., Mc Laren M., Cooper C., Occupational physical activities and osteoarthritis of the knee. Arthritis and rheumatism, vol. 43, N° 7, July 2000, pp 1443-1149
2- Kirkeskov L.J., Eenberg W., Occupation as a risk factor for knee disorders. Scand J Work Environ Health 1996 ;22:165-75
3- Joern W., Klaus U., Eyssel P., Shluter Brust. The Epidemiology, Etiology, Diagnosis and Treatment of Osteoarthrotis of the Knee. Dtsch Arztebl Int 2 010; 107(9):152-62
4- Peyrethon C, Bensefa L. Genou et travail. Arch Mal Prof Env, 2006 ; 67 : 522-32
5- Vrezac I., Elsner G., Bolm-Audorff U., Abolmaali N., Seidler A., Case-control study of knee osteoarthritis and lifestyle factors considering their interaction with physical workload, Int Arch Occup Environ Health (2 010) 83 : 291-300
6- Bliddal H., Christensen R.. The treatment and prevention of knee osteoarthritis: a tool for clinical decision-making. Expert Opin. Pharmacother. (2 009) 10(11) 1793-1804
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