PARMI D’AUTRES médicaments, Hexaquine vient d’être mis en cause par certains média, alors que début décembre 2010 a été publiée une analyse Cochrane (2), organisme international connu pour son indépendance et même son intransigeance.
Une mise au point s’impose donc, ne serait-ce que pour rassurer les milliers de praticiens qui prescrivent Hexaquine, depuis tant d’années, pour traiter les crampes musculaires.
La méta-analyse Cochrane, récemment publiée, regroupe 23 essais cliniques, pour un total de 1 586 patients, la dose moyenne de quinine utilisée étant de près de 300 mg/j, ce qui est la posologie préconisée en France pour le traitement des crampes. Par rapport au placebo, la quinine réduit significativement le nombre des crampes (- 28 %), de jours avec crampes (- 20 %) et l’intensité des crampes (- 10 %). Seule la durée des crises n’est pas significativement modifiée. Cette méta-analyse confirme donc l’efficacité de la quinine sur les crampes, efficacité constatée par de très nombreux prescripteurs, à travers le monde et au fil des ans.
L’originalité d’Hexaquine est d’avoir associé de la vitamine B1 à la quinine ; or on sait que cette vitamine est nécessaire au fonctionnement des muscles et que les carences induisent notamment une lourdeur et une raideur des jambes ; d’ailleurs des essais cliniques ont montré l’intérêt de la vitamine B1 dans divers types de polyneuropathies. Dans ces conditions, Hexaquine, au-delà de l’efficacité de la quinine, s’avère particulièrement bénéfique chez les sujets âgés et /ou en carence vitaminique.
Pour ce qui concerne la tolérance, seule la quinine pourrait être incriminée.
Il convient de rappeler deux réalités essentielles : d’une part, les effets secondaires sévères, notamment cardiaques et neurologiques, ne s’observent qu’à fortes doses ; d’autre part, ces fortes doses sont utilisées dans le paludisme (posologie moyenne de 2 g/j) et ont parfois pu être atteintes dans le traitement des crampes, quand la quinine n’était pas prescrite par un médecin, ce qui n’est pas le cas en France.
D’ailleurs la meta-analyse Cochrane, avec des posologies de quinine allant de 200 à 500 mg/j, ne met pas en évidence de majoration des effets indésirables sévères par rapport au placebo. La majorité des effets indésirables, mineurs à modérés, sont d’ordre gastro-intestinal et un seul cas de thrombocytopénie a été rapporté sous quinine. Ces données recoupent totalement celles de la pharmacovigilance d’Hexaquine qui font état d’un cas notifié pour près de 11 millions de comprimés délivrés et aucun décès.
Tous ces éléments d’information sont accessibles, mais ont été ignorés des journalistes. C’est fort dommage. Cette mise en cause risque de restreindre les prescripteurs dans leurs alternatives thérapeutiques.
Tout doit être fait pour que les données scientifiques aient le dernier mot et que le rôle essentiel du praticien, dans le libre choix de sa prescription et dans le suivi des traitements qu’il propose, soit respecté.
( 1)DSc-DPharm, Président du Laboratoire du Goménol
(2) The Cochrane Neuromuscular disease group – « Quinine for muscle cramps », Cochrane Database Syst Rev.2010 Dec 8;12 :CD005044
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