L’essence même de l’éducation médicale est de développer une culture de questionnement ou de remise en question permanente visant à recommander des solutions diagnostiques ou thérapeutiques selon des fondements scientifiquement prouvés.
La confrontation des pratiques résultant d’expériences individuelles, même si elle est parfois source d’antagonismes de personnalités, n’en demeure pas moins une source formidable d’inspiration et c’est dans cet esprit qu’ont lieu nos rencontres annuelles.
La SOFCOT, au départ en tant que société savante exclusive, s’est toujours attachée à favoriser ce débat stimulant, quitte à laisser raisonnablement s’exprimer d’éventuelles critiques. Ces dernières sont sans doute inévitables au fur et à mesure qu’une telle expérience se trouve sans cesse élargie.
Le savoir-faire ainsi acquis par la SOFCOT, initialement éducatif et cantonné aux domaines techniques et théoriques, s’est trouvé sollicité par de nouveaux défis lancés à la profession : maîtrise de plus en plus poussée du risque, contraintes des coûts sans altération de la qualité des soins, maintenance permanente du niveau éducatif de ses membres…
Dans un environnement économique tendu, nos gouvernants, légitimement, exigent de toutes les spécialités que le service médical rendu soit à la hauteur de l’investissement consenti par la collectivité et, à travers elle, le contribuable individuel. On pourrait arguer que de telles exigences de responsabilité éthique individuelle mériteraient plus de s’appliquer aux professionnels de la finance qu’aux professionnels de la santé, mais c’est là un tout autre débat.
Il n’en demeure pas moins vrai que nous vivons à une époque où les attentes de nos patients et, à travers eux, des politiques se trouvent exacerbées et cherchent à nous rendre redevables, à défaut de pouvoirs thérapeutiques miraculeux, d’une rigueur décisionnelle et scientifique, sinon infaillible tout du moins irréprochable. Un devoir de transparence s’impose donc à nous.
S’il est bien compris du public que la recherche scientifique est indispensable à la création de richesses, à l’amélioration de notre santé et de notre qualité de vie, ce même public ne comprend pas toujours facilement pourquoi cette recherche souvent excessivement médiatisée ne parvient pas à offrir une solution magique immédiate à toute problématique individuelle. Si on sait faire pousser des cellules cartilagineuses pourquoi est-on encore incapable de traiter l’arthrose autrement que par des prothèses ? S’il existe à présent des substituts osseux si prometteurs pourquoi n’a-t-on pas « éradiqué » l’ostéoporose ?
On pourrait à l’infini nous culpabiliser d’être dans l’incapacité de garantir à toute la population un appareil musculo-squelettique fonctionnel tout au long de la vie et quelles que soient les circonstances de celle-ci. Nous accomplissons notre mission de notre mieux et souhaitons la voir facilitée par nos instances de tutelle.
Et c’est bien là l’un des objectifs multiples d’une société comme la nôtre plus particulièrement lors de ses actions de communication :
– en direction de nos membres tout d’abord, pour les aider à structurer leur appétit de progrès scientifique et de publication en formalisant pour en tirer le meilleur bénéfice les acquis de leur expérience ;
– en direction du public ensuite, chez qui un rôle pédagogique quotidien, de fait, nous échoît ; mieux l’impliquer dans l’entretien technique de son appareil musculo-squelettique ou locomoteur pour lui autoriser une longévité fonctionnelle en adéquation avec l’espérance de vie prolongée considérée acquise par nos concitoyens.
Notre engagement d’information en direction d’audiences aussi différentes permet accessoirement d’apaiser les éventuels antagonismes susceptibles de survenir lorsque la « découverte scientifique révolutionnaire » espérée n’est pas obligatoirement, à l’heure dite, au rendez-vous
En effet, si au départ la démarche scientifique émane toujours d’une intuition presciente, elle ne peut se révéler fertile de conséquences pratiques que si elle procède à travers des étapes rigoureuses de mise à l’épreuve de ces idées, de vérification des données recueillies et des observations moissonnées, seul moyen d’aboutir à un savoir plus fiable. Ce terme de plus fiable ne peut être synonyme d’infaillible, car c’est bien là la nature même de cette démarche scientifique comme ont pu l’illustrer les exemples récents à grande échelle de « défaillance toujours envisageable du savoir » lors de la menace pandémique grippale ou de l’épisode du nuage volcanique. La voix consensuelle d’une société comme la nôtre parvient plus aisément à mieux faire accepter l’existence de limites inévitables aux prouesses scientifiques considérées comme garanties.
Ce rôle pédagogique élargi nous a donc investi d’une mission d’intérêt général que nous avons tenté d’assumer de notre mieux en faisant de « l’Année du Mouvement » un succès.
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