Les victimes de violences (physiques, sexuelles, émotionnelles et/ou économiques) de la part de leur partenaire présentent un risque près de trois fois plus élevé de tentatives de suicide, révèle une étude anglaise publiée dans « The Lancet Psychiatry ». Les victimes ont également un risque accru d’automutilation (risque plus de deux fois plus élevé) et de pensées suicidaires (près de deux fois).
Les chercheurs se sont appuyés sur les données issues d’une enquête transversale sur la morbidité psychiatrique menée en Angleterre en 2014 auprès de 7 058 adultes (plus de 16 ans) représentatifs des ménages anglais.
Leur analyse pointe d’abord une probable sous-estimation de la prévalence des violences conjugales en Angleterre. « La prévalence au cours d'une vie trouvée par cette étude (21,4 %) était supérieure à celle de l’enquête "Crime Survey for England and Wales" de 2019 (17,2 %), source officielle utilisée par le gouvernement britannique », indiquent les auteurs.
Une surexposition des femmes à toutes les formes de violence
Cette prévalence apparaît plus élevée chez les femmes (27,2 % contre 15,3 %). La surexposition des femmes concerne toutes les formes de violence exercée par le partenaire : émotionnelle (19,6 % contre 8,6 %), physique (18,7 % contre 9,3 %), économique (8,5 % contre 3,6 %) et sexuelle (3,7 % contre 0,3 %). Les victimes étaient par ailleurs plus susceptibles de vivre dans des quartiers défavorisés et d’avoir connu de nombreuses autres difficultés dans leur vie (crise financière, deuil, perte d'emploi, maladie).
Mais, même après ajustement des données sur ces facteurs, les associations entre l’exposition aux violences conjugales et les taux de suicide ou l’automutilation sont restées fortes, est-il souligné. Parmi les personnes ayant tenté de se suicider au cours de l'année écoulée, 49,7 % ont déjà été victimes de violences conjugales au cours de leur vie et 23,1 % avaient subi des violences au cours de l'année écoulée (dont 34,8 % de femmes et 9,4 % d'hommes).
Réduire les violences, un outil de prévention du suicide
« Une femme sur trois qui avait tenté de se suicider au cours de l'année écoulée était une victime récente de violences conjugales. C'était également le cas d'un homme sur dix », alertent ainsi les auteurs. Ils invitent les professionnels qui prennent en charge les patients en détresse suicidaire ou automutilés à prendre en compte la question, y voyant une démarche pertinente pour la prévention du suicide.
Ils estiment également que la mise en place de politiques publiques contre les violences conjugales pourrait avoir « le potentiel de réduire le suicide dans la population ». Les interventions conçues pour réduire les violences « devraient figurer à la fois dans les stratégies nationales de prévention du suicide et dans les évaluations des risques de suicide », ajoutent-ils.
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