Alors que le chef de l’État a annoncé la semaine dernière une série de mesures pour réduire la précarité des étudiants, la santé mentale des 18-24 ans reste un sujet de préoccupation majeure. Les résultats d’un sondage Ipsos pour la Fondation FondaMental, rendus publics ce 28 janvier, sont « alarmants ».
Menée auprès d’un échantillon de 1 300 personnes, dont 404 jeunes âgés de 18 à 24 ans, l’enquête révèle que près d’un jeune sur trois (32 %) souffre d’un trouble de santé mentale parmi une liste de huit troubles suggérés (notamment dépression, anorexie, troubles obsessionnels compulsifs, phobies et troubles anxieux, etc.). C’est 11 points de plus que dans la population générale.
Ils sont par ailleurs un peu plus d’un sur cinq (21 %) à rapporter des symptômes de troubles dépressifs modérément sévères ou sévères. Le constat est plus marqué chez les 22-24 ans (24 % contre 16 % pour les 18-21 ans).
« Il vaudrait mieux que je sois mort »
Parmi cette tranche d’âge, « plus fréquemment isolé, hors du foyer familial », est-il souligné, près d’un sur deux (47 %) signale « des niveaux de problèmes qui font suspecter un seuil d’anxiété nécessitant une évaluation clinique psychiatrique (contre 31 % pour les 18-21 ans) ». Pire, près de trois jeunes sur 10 ont pensé qu’il vaudrait mieux qu’ils soient morts ou ont songé à se blesser.
Cette dégradation de la santé mentale s’illustre également par une prévalence importante des troubles anxieux qui affectent 40 % des moins de 25 ans, soit de neuf points supplémentaires par rapport à la population générale.
Leurs craintes de conséquences de la crise sur leur santé mentale sont également plus prégnantes que dans la population générale : ils sont 61 % à en exprimer, soit 11 points de plus que chez l’ensemble des Français.
Un impact au quotidien
Cet état d’esprit impacte leur quotidien. Les deux tiers des 18-24 ans expriment des difficultés dans le travail, la vie à la maison ou l’entente avec d’autres personnes, liées aux émotions ressenties. Encore une fois, cette proportion est supérieure (de 13 points) à celle observée dans la population générale.
Ces données confirment les résultats obtenus fin avril auprès de plus de 69 000 étudiants français. Publiée dans « JAMA Network Open », l’étude apportait un premier panorama de la santé mentale des jeunes : 16 % souffraient alors de dépression sévère, 25 % de stress, 27 % d’anxiété et 11 % d’idées suicidaires. La précarité, le manque d’interactions sociales ou d’activité physique et les antécédents psychiatriques étaient des facteurs de risque pour la santé mentale.
Écouter pour prévenir
Malgré l’ampleur des troubles observés, seuls 6,8 % des étudiants de ce panel avaient consulté un professionnel de santé pour des questions de santé mentale. Les résultats du sondage Ipsos tendent à montrer que ce faible recours aux soins est la conséquence d’une méconnaissance des maladies mentales. Moins de la moitié (46 %) des jeunes sondés se disent bien informés sur le sujet. Ils ne sont par ailleurs que 40 % à s’estimer informés sur les facteurs de risque ou sur la conduite à tenir en cas de problème rencontré par un proche, 32 % sur les traitements existants et 36 % sur la prévention.
« Le manque de connaissances qu’ont les jeunes des maladies mentales rend problématique la mise en place d’une politique de prévention réellement efficace », souligne un communiqué de FondaMental, mettant en avant « l’urgence d’agir ». Le réseau de psychiatres a lancé en janvier, avec le soutien de la région Ile-de-France, une plateforme de conseils et de téléconsultations pour les étudiants : ecouteetudiants-iledefrance.fr.
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