Pr ANTOINE PELISSOLO (1)
LES NOUVEAUX supports de communication trouvent une application naturelle dans la facilitation des échanges praticiens-patients. Mieux que le téléphone, les contacts par webcam peuvent reproduire en partie une consultation réelle, lorsque le patient est loin ou a du mal à se déplacer (lire aussi page 3). Différentes formes de e-thérapies, en individuel ou même en groupe, peuvent ainsi être réalisées. Des consultations de télémédecine pour des problématiques complexes, avec échanges entre spécialistes, se développent. De même, les cliniciens intègrent de plus en plus les mails ou textos à leurs moyens de communication avec leurs patients, permettant de moduler réactivité et disponibilité.
Depuis déjà plus de 10 ans, des programmes de thérapies comportementales et cognitives (TCC) entièrement automatisés ont été développés surtout dans les pays Anglo-saxons, comme sur le site Beating the blues, pour aider au traitement des troubles anxieux, dépressifs ou addictifs. Même si ces outils de self-help modernes ont sûrement un intérêt pour des populations particulières, l’évaluation de leurs résultats montre que leur efficacité est le plus souvent inférieure à celle des TCC menés par un thérapeute. Leur acceptation en France est par ailleurs plus difficile que dans d’autres pays. En revanche, l’intégration au sein d’une prise en charge d’outils interactifs et multimédias, sur smartphone notamment, est un apport incontestable qui devrait croître dans les années à venir. Il peut s’agir par exemple de mesurer en temps réel divers indices psychométriques voire physiologiques (rythmes circadiens, marqueurs du stress, etc.), de guider les exercices prescrits dans le cadre de la thérapie, ou de soutenir la motivation au changement grâce à des messages personnalisés reçus par le patient à des moments clés.
Les outils numériques ont également permis d’enrichir les méthodes utilisées en psychothérapie et en rééducation. Les techniques de réalité virtuelle, permettant de s’immerger dans un environnement en trois dimensions et de s’y déplacer comme dans le monde réel, peuvent constituer un premier niveau d’exposition dans les thérapies de désensibilisation, pour les phobies notamment (de l’avion, de la hauteur, de la marche, etc.). Les outils demeurent cependant coûteux et complexes à manier, et remplacent rarement complètement une TCC classique. Le virtuel est également utilisé avec d’autres approches psychothérapeutiques, basées sur le jeu par exemple, ou sur la création d’un avatar du patient comme médiation. Dans un autre domaine, la remédiation cognitive, qui vise à l’entraînement de fonctions neuropsychologiques déficitaires, dans la schizophrénie ou certains troubles de l’humeur par exemple, repose de plus en plus sur des outils informatiques et multimédias.
Enfin, l’environnement numérique dans lequel nous vivons tous peut être utilisé par les patients eux-mêmes ou leurs soignants comme support d’information, d’échanges et de progrès. Même si l’on doit aussi repérer leurs dérives et prévenir certains risques, les réseaux sociaux et les ressources documentaires sur internet peuvent apporter beaucoup en termes de liens, d’échanges d’expérience et de connaissance. Il est donc indispensable, comme dans tous les métiers, que les médecins et les psychiatres en particulier entrent dans ce nouveau monde pour y guider au mieux leurs patients.
(1) Pôle de psychiatrie, hôpital Henri-Mondor (Créteil).
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024