EN 2007 a été créée FondaMental, une fondation de coopération scientifique qui a pour but de promouvoir des actions dans le champ des soins et de la recherche en santé mentale avec trois axes forts structurés autour du trouble bipolaire, de la schizophrénie et du syndrome d’Asperger. Dans le trouble bipolaire, son objectif est de favoriser l’évaluation et le repérage précoce, et aussi de développer et promouvoir la diffusion de prises en charge spécifiques pour les patients, comme le programme de psycho-éducation dans la maladie bipolaire, élaboré sous l’égide du Pr Chantal Henry à Créteil. La fondation est dotée d’un comité scientifique international qui a validé ce programme, la psycho-éducation, dans le cadre des troubles bipolaires, ayant été particulièrement étudiée en Angleterre et en Espagne, respectivement par Jan Scott, Francesc Colom et Eduardo Vieta.
Une éducation thérapeutique adaptée à la psychiatrie.
Les patients intégrés dans ce programme spécifique se voient proposer de participer à douze séances de psychoéducation, à raison d’une par semaine ou tous les quinze jours, animées par un psychiatre ou un psychologue et un infirmier pendant une heure environ. « Ils apprennent à mieux connaître leur maladie, ses conséquences et ses thérapeutiques, l’objectif étant d’apporter un certain nombre de connaissances et de compétences au malade afin d’améliorer sa capacité à gérer sa pathologie et son traitement comme tout patient atteint de pathologie chronique. Il apprend à repérer les symptômes prodromiques d’un épisode de la maladie, moments d’exaltation ou manifestations dépressives, à évaluer les troubles du sommeil, à reconnaître les facteurs de risque et les éléments protecteurs et à mettre en œuvre des stratégies pour éviter les virages maniaques ou dépressifs ; ils sont aussi sensibilisés à la nécessité de prendre les traitements de façon optimale » explique le Pr Llorca. Ces séances de groupe permettent de créer une dynamique, les patients pouvant échanger autour de leurs visions respectives de la maladie, des rechutes, de l’observance thérapeutique et retirent bénéfice de l’expérience d’autrui. Certains centres proposent aussi une psycho-éducation destinée à l’entourage du patient.
Une baisse considérable des rechutes.
Les résultats sont intéressants et diverses études, menées en particulier par l’équipe de Barcelone, ont fait la preuve de l’efficacité de la psycho-éducation qui améliore l’observance au traitement, et diminue les hospitalisations et les rechutes de façon considérable. L’effet se maintient à long terme à plus de deux ans. Il est possible de proposer des séances spécifiques « de rappel » qui permettent de réévaluer la maladie et les connaissances, avec de bons résultats dont on ne sait pas exactement s’ils sont liés au contenu de la séance en elle-même ou au fait de reprendre contact, mais elles sont toujours appréciées des patients.
On propose en principe la psycho-éducation à tous les patients indistinctement, dès la phase d’hospitalisation, de manière à nouer le lien. Les données sont un peu contradictoires mais il semble préférable de les proposer plutôt en période d’euthymie. La culture de la psycho-éducation n’est pas encore répandue en France, mais se développe notamment avec les formations proposées par FondaMental. Actuellement plusieurs dizaines de centres en France ont adopté cette démarche psychothérapeutique.
D’après un entretien avec le Pr Pierre-Michel Llorca, CHU de Clermont-Ferrand.
Colom F., Vieta E. et al. A Randomized Trial on the Efficacy of Group Psychoeducation in the Prophylaxis of Recurrences in Bipolar Patients Whose Disease Is in Remission. Arch Gen Psychiatry 2003;60 (4):402-7. - Scott J, Colom F., Vieta E. A meta-analysis of relapse rates with adjunctive psychological therapies compared to usual psychiatric treatment for bipolar disorders. Int J Neuropsychopharmacol 2007;10 (1) : 123-9.
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