L'électroconvulsivothérapie est associée à une réduction du risque de suicide dans l'année suivant une hospitalisation pour dépression de 50 %. C'est ce que montre une étude de cohorte rétrospective canadienne parue dans le « Lancet Psychiatry », et conçue pour évaluer l'intérêt de cette pratique, qui consiste à induire une crise d’épilepsie sous anesthésie générale en délivrant un courant électrique bref à travers le crâne.
« L'électroconvulsivothérapie a considérablement réduit le risque de décès par suicide tout en étant une procédure médicalement sûre, a déclaré le Dr Tyler Kaster, auteur principal. Nos résultats suggèrent que l'électroconvulsivothérapie peut prévenir le suicide dans la dépression sévère et être une procédure qui sauve des vies. »
Dans l'analyse, 67 327 patients hospitalisés pour dépression pendant plus de trois jours entre le 1er avril 2007 et le 31 décembre 2017 en psychiatrie en Ontario ont été inclus (27 231 hommes et 40 096 femmes ; âge moyen de 45,1 ans). Parmi eux, 4 982 ont été exposés à des électrochocs. L'ensemble des données a permis aux auteurs de comparer les patients qui ont reçu le traitement à ceux qui n'en ont pas bénéficié, malgré des caractéristiques par ailleurs similaires.
Une technique qui suscite des réticences
Au cours des dix ans de l'étude, le taux de suicide dans l'année suivant l'hospitalisation a diminué de moitié chez les patients qui ont reçu une électroconvulsivothérapie tandis que le nombre de décès toutes causes a été réduit de 25 %.
Selon les auteurs, plusieurs raisons peuvent expliquer pourquoi nombre de patients ne bénéficient pas de l'électroconvulsivothérapie, comme la peur de la procédure, le manque d'accès au traitement ou bien le fait que cette option n'a pas été proposée aux patients.
« Les médecins et les patients expriment beaucoup d'incertitudes au sujet de l'électroconvulsivothérapie, en partie du fait d'idées fausses, a constaté la Pr Simone Vigod, co-auteure et cheffe du département de psychiatrie au Women's College Hospital de Toronto. Nous voulions générer des données utiles dans la prise de décision. Combiné avec les travaux antérieurs sur la sécurité de cette approche, le travail actuel devrait rassurer. Nous espérons que les médecins en prendront note et envisageront cette thérapie avec leurs patients souffrant de dépression sévère. »
En France, l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) a récemment souligné les inégalités et les difficultés d'accès à la convulsivothérapie. L'électroconvulsivothérapie doit être prescrite, après recueil du consentement, dans le cadre de la pharmacorésistance et de la mise en jeu du pronostic vital, après échec des autres thérapeutiques.
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