Les travaux menés ces dernières années ont permis de définir trois grandes catégories de personnes âgées. Celles en bon état de santé qui ressemblent de plus en plus à des adultes, les personnes âgées dépendantes qu’il faut prendre en charge (mais à ce stade il n’y a pas de réversibilité), et les personnes âgées fragiles et préfragiles. Cette population est à fort risque de dépendance mais peut tout à fait retourner dans une trajectoire de vieillissement en bon état de santé si elle est prise en charge de façon spécifique. C’est ce qui a conduit à la création d’hôpitaux de jour d’évaluation des fragilités et de prévention de la dépendance, dont le but est de rechercher les causes de fragilité afin de mettre en place un traitement et une prise en charge adaptée et personnalisée tant que cela est possible.
Selon Fried, les critères de fragilité sont : une perte de poids involontaire, une vitesse de marche lente, un sentiment de fatigabilité (le sujet n’est plus capable d’aller faire ses courses ou d’aller voir ses amis), une diminution de la force musculaire (difficultés à monter un escalier) et une grande sédentarité. La part des aspects psychologiques et psychiatriques (troubles de l’humeur) est ici importante.
Le repérage de ces sujets âgés fragiles par le médecin traitant et plus largement l’ensemble des soignants est facilité par le recours à l’échelle mise au point par le Gérontopôle et recommandée par la Haute Autorité de santé (voir figure). « Le patient adressé dans le centre bénéficie alors d’un bilan où nous allons étudier toutes ses performances physiques et cognitives, rechercher les causes de fragilité et mettre en place un programme de maintien de l’autonomie. Dans ces causes de fragilité, la dépression doit être recherchée », souligne le Pr Bruno Vellas.
Maintenir les capacités fonctionnelles
Une première étude portant sur plus de 1000 sujets fragiles (1) a montré que la moyenne d’âge des patients adressés à l’hôpital de jour de la fragilité était de 82 ans. Les sujets présentaient en moyenne 4 à 5 pathologies et près de la moitié avait une altération du statut nutritionnel, pouvant être amélioré à ce stade par les apports alimentaires, portage de repas où autres prises en charge. Plus de la moitié vivait seul à domicile. Plus de 50 % avaient également un déclin cognitif léger à surveiller. Ce déclin peut être à l’origine d’une maladie d’Alzheimer ou d’une simple fragilité cognitive, potentiellement réversible après stimulation physique et cognitive. Des troubles de la vision ont été observés chez près de 70 % des sujets ; dans 20 % des cas ils avaient juste besoin de lunettes mais n’en avaient pas car ils étaient isolés. La moitié des patients avaient des difficultés de l’audition qui les gênaient pour une conversation normale avec une autre personne. « Dans 30 % des cas, nous avons pu modifier les prescriptions thérapeutiques en lien avec le médecin traitant, précise le Pr Vellas. Nous avons ensuite mis en place des programmes de stimulation cognitive et physique. Un suivi régulier est assuré par l’équipe de l’hôpital de jour en lien avec le médecin généraliste et les acteurs du domicile ».
Plus de 300 structures se sont déjà déclarées comme pouvant intervenir au niveau de la fragilité et de la prévention de la dépendance. Il s’agit d’hôpitaux de jour de CHU, de centres hospitaliers généraux mais aussi de centres de prévention, de grandes mutuelles ou assurances ou encore de maisons médicales qui se sont réunies et groupées pour réaliser une première évaluation et prise en charge des sujets fragile. D’autres structures s’adossent à des EHPAD.
« Notre population vieillit et il est important chez un sujet âgé de maintenir ses capacités fonctionnelles qu’elles soient physiques, cognitives ou émotionnelles. La médecine doit aller dans ce sens-là et la psychiatrie qui voit également le vieillissement de ces patients, doit pouvoir jouer un rôle essentiel », conclut le Pr Vellas.
D’après un entretien avec le Pr Bruno Vellas, Gérontopôle, Toulouse
(1) J Nutr Health Aging. 2013 Jul;17(7):629-31
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