Une mobilisation collective après les États généraux

Vers un projet de loi-cadre pour la santé respiratoire

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Publié le 27/05/2022
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Organisés en décembre par la SPLF et 24 structures partenaires, les États généraux de la santé respiratoires ont lancé une dynamique qu’il convient de maintenir, selon la Pr Raherison-Semjen. L’objectif : que les plus hautes autorités du pays s’engagent dans la lutte contre les maladies respiratoires.
Les Jeux Olympiques seront aussi l’occasion de faire passer des messages

Les Jeux Olympiques seront aussi l’occasion de faire passer des messages
Crédit photo : phanie

« Respirer : un droit fondamental ». C’est avec ce constat, en forme d’évidence, que se sont tenus en décembre les États généraux de la santé respiratoire, sous l’impulsion de la Société pneumologie de langue française (SPLF). Un événement destiné à marquer les esprits et interpeller les candidats à l’élection présidentielle sur des pathologies à l’importance pas toujours reconnue. « Nous avons eu des contacts avec les équipes de la plupart des candidats. Les échanges ont notamment été multiples et de bonne qualité avec La République en marche et un conseiller d’Olivier Véran. Maintenant que l’élection est passée, nous n’allons pas relâcher la pression en conservant la démarche collective qui a été la nôtre », souligne la Pr Chantal Raherison-Semjen (CHU de Pointe-à-Pitre) qui occupait la présidence de la SPLF lors de ces États généraux, lancés en compagnie de 24 organisations de patients, d’usagers et de professionnels de santé impliqués dans le domaine du respiratoire. « Nous avons décidé de maintenir ce collectif dans la durée car ces États généraux ont montré qu’on était davantage audible quand on s’exprime en étant groupés », indique la Pr Raherison-Semjen.

Un capital respiratoire

Ces États généraux ont permis de rappeler quelques chiffres et messages clefs autour des maladies respiratoires. « Selon le Forum des sociétés pulmonaires internationales, 1 milliard de personnes dans le monde sont atteintes de maladies respiratoires chroniques et 4 millions de personnes en meurent prématurément. On sait aujourd’hui que ces maladies démarrent souvent durant les premières années de la vie et qu’elles sont multifactorielles, notamment environnementales. Dès les premières années de vie, l’enfant est soumis à des évènements qui affecteront son capital respiratoire et qui sont ainsi susceptibles d’influer sur toute sa vie. Il est donc impératif de préserver ce capital respiratoire », soulignait la SPLF lors du lancement des États généraux. Autre constat : aujourd’hui, près de 10 millions de Français sont touchés par une maladie chronique des voies respiratoires. « Certains le sont très durement, notamment les patients atteints de BPCO, de maladies rares (mucoviscidose, déficit en alpha-1 antitrypsine, fibrose pulmonaire idiopathique, etc.), de cancers ou d’asthme sévère. Il faut ajouter à ces patients ceux atteints par le Covid-19, qui créent quotidiennement depuis le début de la pandémie un contingent supplémentaire d’insuffisants respiratoires dépendants en oxygène », ajoutait la société savante.

Une porte ouverte avec le Covid

Selon Pr Raherison-Semjen, le moment est propice pour sensibiliser les plus hautes autorités du pays à l’enjeu majeur que représentent les maladies respiratoires. « Durant l’épidémie de Covid, jamais on a autant parlé de santé respiratoire. Il faut en profiter pour parler de toutes les autres pathologies que nous prenons en charge au quotidien et mobiliser le président de la République autour de notre combat. Nous avons beaucoup d’agences sanitaires en France mais pour faire bouger les choses, il faut vraiment un engagement au niveau de l’Élysée », estime la Pr Raherison-Semjen, en jugeant nécessaire l’organisation d’une Conférence nationale de la santé respiratoire et environnementale. « Son objectif sera de préparer un projet de loi-cadre afin de formaliser l’engagement du gouvernement sur ces thématiques », précise la Pr Raherison-Semjen.

Selon la SPLF, la lutte contre les pathologies respiratoires devra s’articuler autour de trois grands axes : la prévention et la lutte contre les facteurs environnementaux des maladies respiratoires ; la prise en charge des maladies respiratoires tout au long de la vie ; la lutte contre l’exclusion sociale et sanitaire sur l’ensemble du territoire. « Il faudrait pouvoir faire de la prévention dès le plus jeune âge en milieu scolaire. Notre souhait est aussi de faire passer des messages autour du bénéfice de l’activité physique, en profitant peut-être de la tenue des Jeux Olympiques à Paris en 2024 », indique la Pr Raherison-Semjen.

La présidente sortante de la SPLF est aussi consciente du chemin qui reste à parcourir pour surmonter la « frilosité » qui règne toujours de la prise en charge environnementale et l’impact des facteurs environnementaux sur la santé respiratoire. « Nous souhaitons par exemple convaincre les tutelles de l’intérêt du travail des conseillers médicaux en environnement intérieur », indique la Pr Raherison-Semjen.

Exergue : « Nous avons beaucoup d’agences sanitaires en France mais pour faire bouger les choses, il faut vraiment un engagement au niveau de l’Élysée »

Entretien avec la Pr Chantal Raherison-Semjen (CHU de Pointe-à-Pitre), présidente sortante de la SPLF

Antoine Dalat

Source : lequotidiendumedecin.fr