Il faut distinguer la tuberculose multirésistante (MDR) de la tuberculose ultrarésistante (XDR). La première, décrite il y a une trentaine d’années, est résistante aux deux antituberculeux de première ligne : l’isoniazide et la rifampicine. Son traitement repose sur les aminosides et les fluoroquinolones. Quant à la tuberculose XDR, son apparition est relativement récente puisque les premiers cas ont été décrits en Afrique du Sud fin 2006. Elle est résistante à toutes les classes citées ci-dessus. La première publication en décembre 2006 rapportait 52 décès sur 53 patients infectés par le VIH et atteints de tuberculose XDR (1). «Depuis 2006, il y a eu de nombreuses publications rapportant des succès thérapeutiques divers, qui dépendent des moyens locaux car les traitements sont très lourds, déclare le Dr Nicolas Veziris (Paris). Pour bon nombre d’entre eux, on est dans une impasse thérapeutique, pas tellement en France mais dans les pays pauvres où il n’y a pas de traitement à proposer ».
Une des raisons pour lesquelles la tuberculose XDR fait régulièrement l’actualité en France, c’est que le nombre de cas augmente chaque année. On observait, jusqu’en 2012, une cinquantaine de tuberculoses MDR par an, dont 5 XDR. Depuis, ce sont 80 à 100 tuberculoses MDR par an qui ont été mises en évidence, et parmi elles, 15 à 20 souches XDR. Si ces chiffres ne sont pas énormes, ils sont à la hausse. « La majorité des cas intéresse des patients Géorgiens qui viennent se faire soigner en France, précise le Dr Veziris. Les traitements sont lourds, l’hospitalisation dure plusieurs mois, les patients sont isolés, éventuellement en pression négative, ils ne peuvent sortir qu’après la négativation des cultures ».
Cédons-nous à la panique face à cette infection ? « A l’échelle internationale, la tuberculose MDR est un énorme problème de santé publique, répond le Dr Veziris. Il y a 500 000 nouveaux cas par an dans le monde. En France, la tuberculose MDR ou XDR est un problème de prise en charge individuelle. Il ne faut pas en avoir peur mais il faut y penser. À l’heure actuelle, les seules transmissions qu’on a pu constater restent intrafamiliales ou de proximité ».
Entretien avec le Dr Nicolas Veziris, Centre National de Référence des Mycobactéries et de leur Résistance aux Antituberculeux, Laboratoire de Bactériologie, Service de Pneumologie, Hôpital la Pitié-Salpêtrière.
(1) Ghandi NR et al. Extensively drug-resistant tuberculosis as a cause of death in patients co-infected with tuberculosis and HIV in a rural area of South Africa, Lancet 2006, vol 368, 272-273.
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