La prévalence du tabagisme en France en 2017 est en net recul par rapport à 2016. Une situation d’ampleur inédite depuis une dizaine d'années, selon le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH ») dédié au tabagisme, publié à l'occasion de la Journée mondiale sans tabac.
En amont de cette journée, François Bourdillon, directeur général de Santé publique France, a présenté les premiers résultats du Baromètre Santé 2017, en présence d'Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. Il évoque une « rupture dans la lutte jamais observée en 10 ans ».
1 million de fumeurs en moins
La prévalence du tabagisme quotidien chez les 18-75 ans est passée de 29,4 à 26,9 % entre 2016 et 2017, ce qui correspond à 1 million de fumeurs en moins (650 000 hommes et 350 000 femmes). Cette baisse est particulièrement marquée chez les hommes de 18-24 ans. Chez les jeunes femmes, la prévalence reste stable par rapport à 2016, après une diminution entre 2010 et 2016. « Le recul du tabac chez les jeunes est très encourageant », indique François Bourdillon, ajoutant que cela « conditionne considérablement l'avenir ».
Des disparités régionales apparaissent. Alors que l'Île-de-France et le Pays de la Loire font figure de modèles, les régions Grand-Est, Occitanie, Hauts-de-France et PACA ont les prévalences les plus élevées. En cause, notamment des inégalités sociales et la proximité avec les frontières, permettant de se procurer des cigarettes à moindre coût dans les pays frontaliers, suggère François Bourdillon. De plus, pour la première fois, une baisse du tabagisme quotidien est observée chez les personnes au chômage, avec une prévalence passée de 49,7 à 43,5 % en 1 an.
Ces résultats positifs témoignent de l'efficacité des mesures du programme national de réduction du tabagisme (PNRT) (2014-2019). L'événement « Mois sans tabac », dont la première édition s'est déroulée en 2016, a notamment incité 380 000 fumeurs à faire une tentative d'arrêt de 24 heures minimum.
Tabagisme passif
La protection des jeunes est au cœur de la lutte contre le tabac. Selon l'étude Escapad, menée auprès de 39 115 jeunes de 17 ans lors de l’appel de préparation à la défense de mars 2017, 25,1 % des jeunes fument quotidiennement, soit une baisse de 23 % depuis 2014, témoignant de la « dénormalisation du tabac ». En revanche, l'exposition au tabagisme passif reste important. 62,9 % se disent exposés souvent ou tous les jours devant l’entrée, à l’extérieur de leur établissement scolaire et la moitié a déjà été exposée dans un bar ou un restaurant. Autre point préoccupant : la grande facilité pour les mineurs à se procurer des cigarettes. Agnès Buzyn déclare : « pour être efficace, nous devons mettre en place une action concertée avec les buralistes. Je leur demanderai de s'engager ».
L'enquête DePICT, réalisée chez 2 050 jeunes de 12 à 17 ans en 2016, montre que les jeunes scolarisés dans l'enseignement technique et professionnel perçoivent de manière plus positive le tabac. Ils ont notamment moins peur de ses conséquences et commencent généralement plus jeunes à fumer. Ces constats incitent à cibler plus spécifiquement ces jeunes en termes de prévention.
Le succès du tabac à rouler
Le tabac à rouler, qui fait de plus en plus d'adeptes, en particulier chez les jeunes, a fait l'objet d'une autre enquête, menée chez 25 jeunes de 18 à 25 ans en 2016. Son succès, le tabac à rouler le doit avant tout à son prix attractif. Il est aussi considéré comme un produit plus naturel et plus sain. Pourtant, « c’est un produit qui peut s’avérer autant, voire plus dangereux, que le tabac manufacturé », rappellent les auteurs de l'enquête, qui suggèrent « une augmentation forte et régulière du prix du tabac à rouler pour faire évoluer les comportements ».
« Si de premières inflexions positives commencent à être observées, seule la poursuite de l’effort engagé permettra de changer la situation en profondeur dans notre pays », note le « BEH ». Dans la continuité du PNRT, Agnès Buzyn a annoncé le lancement du programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2018-2022. « D’ici à 2027, nous souhaitons que la part des fumeurs quotidiens chez les 15-75 ans soit abaissée à moins de 17 %, soit 5 millions de fumeurs de moins qu’en 2017 », a-t-elle annoncé.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024