L’utilisation de l’omalizumab en dermatologie a fait l’objet de nombreux essais de recherche clinique qui ont montré des effets positifs de cet anticorps monoclonal anti-IgE. De façon intéressante et paradoxale, la pathologie où il s’est révélé d’une efficacité très importante est l’urticaire chronique. Alors que l’urticaire n’est pas due à des IgE, rappelons-le (lire p XX). L’effet de l’omalizumab, défie donc le raisonnement intellectuel premier, consistant à attribuer un médicament à sa cible biologique ; à l’image d’autres immunobiologiques, tel le rituximab. De nombreuses explications peuvent être invoquées.
En pratique, cet anticorps se fixe sur le domaine eC3 de la chaîne lourde de l’IgE, site de fixation de celle-ci au récepteur de haute affinité FceRI. Il bloque donc l’IgE circulante mais son action ne se limite pas là, puisqu’il diminue également le nombre de récepteurs à IgE sur les basophiles, les mastocytes et les cellules dendritiques présentatrices d’antigène.
Or la réduction de l’expression du fragment Fc du FceRI à la surface des mastocytes et des polynucléaires basophiles peut être suffisante pour diminuer significativement la fixation des IgG anti-sous-unité α du eRI et par conséquent inhiber l’activation cellulaire associée aux poussées d’urticaire*.
Vu son coût et l’existence de nombreux autres traitements, l’omalizumab est à réserver à une utilisation transitoire de quelques mois, permettant aux patients de passer un cap difficile dans certains cas d’urticaire chronique particulièrement sévère, ce qui concerne moins de 1 % des malades. Il ne constitue pas un traitement de l’urticaire chronique sévère résistant aux antihistaminiques et, en dehors de ces cas, n’amène rien de plus que les traitements déjà existants (augmentation de la dose d’antihistaminiques non sédatifs et, en cas d’échec, antileucotriènes, colchicine, ciclosporine…).
D’après un entretien avec le Pr Jean-François Nicolas, CHU de Lyon.
*Saavedra MC, Sur S. Down regulation of the high-affinity IgE receptor associated with successful treatment of chronic idiopathic urticaria with omalizumab. Clin Mol Allergy. 2011 Jan 19;9(1):2.
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