Méconnue du grand public, sous-diagnostiquée, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) concerne 5 % de la population adulte de plus de 40 ans, soit 2,5 à 3 millions de personnes en France.
Le nombre de femmes souffrant de BPCO ne cesse d’augmenter. On ne peut plus dire que la BPCO est une pathologie masculine, puisque sa fréquence chez la femme rejoint désormais celle de l’homme : 40 % des personnes souffrant de BPCO dont des patientes. Un million de femmes serait touché, notamment des jeunes femmes, en raison de l’augmentation du tabagisme féminin. Il y a 20 ans, la proportion des femmes n’était que de 20 %. Mais les stéréotypes ont la vie dure et l’image de la BPCO est celle d’un homme, gros fumeur, d’âge mûr.
Ainsi, la BPCO est particulièrement sous-diagnostiquée chez les femmes jeunes qui viennent consulter pour un essoufflement à l’effort et pour lesquelles les médecins pensent davantage à un asthme.
Ce retard de diagnostic a un impact négatif sur l’évolution de la maladie, qui devrait être reconnue de façon plus précoce pour en limiter les dégâts.
Pour poser le diagnostic, il faut que le médecin généraliste ait à l’esprit que le malade de la BPCO peut être une femme. Pour confirmer la maladie, il dispose d’outils d’exploration clinique et spirométrique (mesure du souffle) qui lui permettront, s’il le juge nécessaire, d’adresser sa patiente à un pneumologue qui poursuivra les investigations.
L’inégalité des sexes face à la maladie
Les facteurs de risque sont sensiblement différents dans les deux sexes. Si la BPCO est essentiellement due au tabac, les femmes ont une susceptibilité supérieure à ce dernier. Chez elles, au-delà de 45-50 ans, on constate une majoration du déclin du VEMS, y compris pour un tabagisme modéré (< 15 cigarettes/jour). Chez les jeunes filles fumeuses, il a été observé un ralentissement de la croissance pulmonaire dès 5 cigarettes par jour.
Au tabac, s’ajoutent l’aérocontamination domestique et les expositions professionnelles.
Plusieurs hypothèses ont été émises qui pourraient expliquer ces différences entre les femmes et les hommes vis-à-vis de la BPCO : une hyperréactivité bronchique plus importante, un plus petit calibre des bronches, une sensibilité majorée à l’inflammation systémique voire la disparition du rôle protecteur des estrogènes après la ménopause ou encore le poids.
Des spécificités cliniques
Les manifestations cliniques de la BPCO sont différentes chez les femmes et chez les hommes. Les symptômes, à tabagisme égal, sont plus importants et plus sévères chez les femmes. À niveau d’obstruction bronchique égal, une femme sera plus essoufflée qu’un homme, ce qui est souvent le signe initial de la maladie. Elle aura plus de risque de faire une exacerbation et d’être hospitalisée. On observe une altération de la qualité de vie, une aggravation de la sensation de fatigue et une réduction de la tolérance à l’effort. Le fait de tousser, d’expectorer, d’avoir des crachats est très pénalisant socialement pour une femme.
Par ailleurs, la prévalence de la BPCO fait état d’une évolution plus rapide chez les femmes que chez les hommes ainsi que d’une mortalité plus élevée. La mortalité liée à la BPCO chez les hommes est stable voire diminue, alors qu’elle est en hausse chez les femmes.
Les comorbidités sont également différentes chez les femmes, comme l’ont montré différentes études. Les femmes sont plus sujettes à l’ostéoporose, à l’anxiété et à la dépression qu’aux maladies cardiovasculaires, contrairement aux hommes. « La BPCO a un retentissement psychologique majeur chez les femmes », explique la Dr Anne Prudhomme, pneumologue CHR Tarbes, coresponsable du groupe femme/santé respiratoire de la Société de pneumologie de langue française (SPLF). « L’anxiété et la dépression sont des comorbidités fréquentes de la maladie, potentiellement révélatrices de la pathologie ».
Il est également prouvé que les patientes atteintes de BPCO ont un surrisque de cancer du poumon.
La prise en charge de la BPCO doit donc être globale et traiter celle-ci, en même temps que ses comorbidités. Pour évaluer l’ostéoporose, une ostéodensitométrie doit être réalisée et le traitement corticoïde doit être minimisé. Enfin, le sevrage tabagique est plus difficile chez une femme que chez un homme : l’obstacle numéro un à l’arrêt du tabac, au-delà de la dépendance tabagique, est la peur de prendre du poids, qui constitue un facteur de rechute. Un accompagnement diététique et psychologique est souvent nécessaire.
Entretien avec la Dr Anne Prudhomme, pneumologue CHR Tarbes, coresponsable du groupe femme/santé respiratoire de la Société de pneumologie de langue française (SPLF)
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