Top départ pour le dépistage

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Publié le 20/01/2023
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En février dernier, la Haute autorité de santé (HAS) a donné son feu vert pour le déploiement d’un programme pilote de dépistage du cancer bronchopulmonaire par scanner à faible dose chez les personnes fortement exposées au tabac. Ce revirement, par rapport à son avis défavorable de 2016, a été poussé par les résultats de deux grandes études (NLST et Nelson), qui ont montré une réduction de 20 et 24 % de la mortalité. Depuis 2016, les projets d’expérimentations étaient bien souvent bloqués. « Aujourd’hui, la nouvelle position de la HAS libère enfin la réflexion nationale sur l’idée d’un dépistage organisé, et elle libère aussi les initiatives locales. Elle rend les choses plus concrètes et permet de relancer la thématique. Nous avons d’ores et déjà lancé à Lyon, avec Paris et Marseille, la première édition d’un diplôme d’université sur le dépistage du cancer du poumon », se félicite le Pr Sébastien Couraud, Hospices Civils de Lyon, Hôpital Lyon Sud.

La feuille de route

La HAS s’est déclarée disposée à lancer des expérimentations pilotes ; leur gestion opérationnelle a été confiée à l’Inca. « Les choses vont se mettre en place progressivement. L’Inca devra d’abord rédiger le cahier des charges pour ce projet, en fixant clairement ses objectifs, et en délimitant le périmètre d’action. Puis une enveloppe budgétaire et les délais des expérimentations seront décidés. Une première réunion va avoir lieu fin janvier », révèle le spécialiste.

Il envisage l’échéancier prévisionnel suivant : cahier des charges à réaliser en 2023, lancement des appels d’offres en 2024, début des expérimentations pilotes en 2025 (une quinzaine environ sur tout le territoire), fin des expérimentations en 2030, évaluation, synthèse et dépôt auprès du Ministère de la Santé en 2030-2031. « Le chemin est encore long, mais on a du mal maintenant à imaginer que cela ne se fasse pas. L’Europe pousse d’ailleurs dans le même sens », indique le Pr Couraud.

Dépistage opportuniste dès maintenant

« En attendant, la plupart des pneumologues et des généralistes proposent un dépistage individuel aux personnes à risque, comme décrit dans les recommandations publiées à la suite des résultats positifs de l’étude Nelson (1) », précise le Pr Couraud. Le dépistage doit être proposé chez les patients âgés de 50 à 74 ans fumant ou ayant fumé (sevrage ≤ 10 ans) plus de 15 cigarettes par jour pendant au moins 25 ans ou plus de 10 cigarettes par jour pendant au moins 30 ans.

Il repose sur la réalisation d’un examen tomodensitométrique thoracique à faible dose d’irradiation, sans injection de produit de contraste. L’examen par radiographie thoracique standard n’a aucune place dans ce cadre. Il est recommandé deux examens tomodensitométriques espacés d’un an, puis un examen tous les deux ans.

Exergue : « La nouvelle position de la HAS libère enfin la réflexion nationale »

Entretien avec le Pr Sébastien Couraud (Lyon)

(1) Couraud S. et al. Rev Mal Resp 2021 (38):310-25

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin