LE QUOTIDIEN - Dans la littérature, il est souvent reproché aux médecins de ne pas tenir compte des recommandations édictées en vue d’optimiser la prise en charge des maladies. Cela étant notamment rapporté pour l’asthme, faut-il en déduire que les recommandations concernant cette affection sont malaisées à mettre en uvre ?
Pr ANTOINE MAGNAN - Les recommandations actuellement disponibles en France sont celles publiées en 2004 par la Haute Autorité de santé en matière de contrôle de l’asthme chez l’adolescent et l’adulte. Elles rejoignent les récentes recommandations formulées par la GINA (Global INitiative for Asthma) puisque, tout comme ces dernières, elles fondent les modalités de traitement de l’asthme sur les seuls critères de contrôle de l’asthme. Cela simplifie énormément la tâche du médecin, car il n’a plus à prendre en compte le grade estimé de sévérité de l’asthme comme cela était le cas auparavant. L’élément important mis en avant par les recommandations de la GINA est la notion de dose minimale efficace, qui implique que, dès lors que l’asthme d’un patient est contrôlé de manière satisfaisante par le traitement qui a été prescrit, celui-ci doit être poursuivi en diminuant secondairement les doses si la maladie demeure contrôlée.
Pourtant, au vu des enquêtes menées, la prise en charge de l’asthme en France semble loin d’être optimale. Cela tient-il à un problème d’observance du traitement ?
Les données récemment publiées par la Caisse Primaire d’Assurance-Maladie montrent, en effet, que, globalement, les patients asthmatiques sont mal contrôlés dans notre pays. Cette enquête a consisté à analyser les ventes de bronchodilatateurs d’action rapide en considérant que le contrôle de l’asthme est d’autant plus mal assuré que la consommation de ces médicaments est importante.
Cela étant, au-delà des prescriptions, il est certain que la mauvaise observance du traitement de fond intervient pour une large part dans ces mauvais résultats. L’éducation thérapeutique des patients est donc clairement un élément qu’il convient d’améliorer. Néanmoins, le principal problème tient au fait que les médecins ont souvent de la difficulté à appréhender le degré effectif de contrôle de l’asthme chez leurs patients.
À quoi cette difficulté tient-elle ?
Elle provient de ce que les patients eux-mêmes n’ont pas une perception objective du niveau de contrôle de leur asthme. Lorsqu’ils viennent consulter et que le médecin les interroge, ils déclarent être satisfaits de leur traitement et ne plus éprouver de symptômes. Mai si on s’emploie à faire avec eux le bilan des sept jours écoulés en leur faisant préciser le nombre de réveils nocturnes, la consommation de bronchodilatateurs d’action rapide, l’absentéisme, etc., on s’aperçoit que, en réalité, l’asthme est mal contrôlé. Un interrogatoire approfondi est donc indispensable, mais, malheureusement, les médecins manquent souvent de temps pour pouvoir s’y consacrer. Ils disposent toutefois d’instruments dont ils peuvent s’aider pour réaliser cette évaluation. Tel est notamment le cas de l’Asthma Control Questionnaire (ACQ), un auto-questionnaire à sept items disponible en français qui est extrêmement aisé à administrer aux patients, qui permet d’établir un score de contrôle de l’asthme en fonction des symptômes que ces derniers ont présenté au cours des sept jours précédents.
Auparavant, lorsque la prise en charge de l’asthme devait être effectuée en se fondant sur les grades de sévérité, cela était probablement trop compliqué. Mais, aujourd’hui, les difficultés de mise en uvre des recommandations se résument essentiellement à cette évaluation du contrôle de l’asthme.
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