Ce n’est que récemment (quelques années) que les pneumologues se sont intéressés au rôle physiologique et physiopathologique du microbiote pulmonaire, communauté de germes présents au niveau pulmonaire, et du microbiome pulmonaire, ensemble des gènes caractérisant le microbiote pulmonaire. Aujourd’hui, c’est un domaine de recherche en pleine émergence avec de nombreuses études centrées sur la comparaison entre les communautés bactériennes pulmonaires de sujets sains et celles de patients atteints de maladies pulmonaires chroniques comme l’asthme, la BPCO, la mucoviscidose, la fibrose pulmonaire idiopathique, le cancer pulmonaire, ou ayant subi une greffe de poumon.
Le congrès de la Société américaine de pneumologie qui vient de se tenir à Washington (États-Unis) a consacré plusieurs sessions au microbiote et son rôle dans l’apparition de maladies respiratoires à l’âge adulte. Comme nous l’a expliqué le Pr Anh-Tuan Dinh Xuan (hôpital Cochin, Paris), « jusqu’à récemment, les voies aériennes inférieures étaient considérées comme stériles mais l’avènement des techniques de séquençage à haut débit a permis de mettre en évidence l’existence d’une flore polymicrobienne présente non seulement dans les voies aériennes inférieures mais également dans le poumon profond c’est-à-dire dans l’espace alvéolaire. Cette amplification génique permet ainsi grâce à l’analyse de l’ARN ribosomal de mettre en évidence ces germes, même lorsqu’ils sont en faible quantité ».
Une cohabitation précoce entre microbiote et système respiratoire
« Le peuplement des voies aériennes par différentes espèces bactériennes commence très tôt pendant la vie intra-utérine chez le fœtus, a-t-il expliqué. C’est à partir du liquide placentaire que les microbes colonisent progressivement les voies aériennes. ». Cette colonisation dépend également du mode d’accouchement puis subit de fortes variations interindividuelles en fonction de l’environnement et surtout de la survenue et de la fréquence des maladies infantiles.
« Une cohabitation harmonieuse entre le microbiote et les cellules respiratoires est nécessaire à l’homéostasie pulmonaire définissant la symbiose respiratoire ; cette coopération permet d’avoir une immunité bénéfique et utile pour lutter contre les espèces pathogènes. La perturbation de cet équilibre détermine la dysbiose et favorise la survenue des maladies respiratoires infantiles qui vont à leur tour aggraver la dysbiose, entraînant ainsi un cercle vicieux fragilisant de plus en plus les poumons en les rendant susceptibles de développer une maladie respiratoire chronique (comme l’asthme, la BPCO, la fibrose pulmonaire idiopathique, etc.) chez l’adulte possédant par ailleurs un terrain prédisposant, » a affirmé le Pr Dinh-Xuan.
Eviter le déséquilibre microbien
« La dysbiose va nous permettre d’avoir une nouvelle compréhension des épisodes d’exacerbations, a-t-il ajouté. En effet, les exacerbations peuvent survenir lorsqu’il y a une infection microbienne importante mais elles peuvent être indépendantes des infections et être liées à un déséquilibre avec une diminution de la diversité microbienne et l’émergence de certaines espèces microbiennes pathogènes en de faibles quantités mais suffisantes pour perturber l’équilibre et déclencher une réponse immunologique pro-inflammatoire. » Il convient donc de préserver la symbiose respiratoire et éviter la survenue de la dysbiose.
D’après un entretien avec le Pr Anh Tuan Dihn Xuan (Hôpital Cochin, Paris) dans le cadre du congrès de l’ATS (American Thoracic Society).
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