Lien confirmé entre infection à VRS et asthme infantile

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Publié le 09/06/2023
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Une cohorte prospective montre que l’infection à VRS, même en dehors de toute bronchiolite, favorise l’apparition ultérieure d’asthme.

Le virus respiratoire syncytial (VRS) infecte de nombreux enfants durant leur première année de vie, avec à la clé des bronchiolites mais aussi nombre d’infections qui restent asymptomatiques. Or, si les bronchiolites à VRS ont été associées à des sifflements récurrents et à de l’asthme infantile, il reste difficile d’apprécier dans quelles proportions les infections à VRS, même asymptomatiques, augmentent globalement le risque d’asthme infantile. Cette cohorte prospective américaine suggère que protéger les tout-petits du VRS pourrait réduire de 15 % les cas d’asthme à l’âge de 5 ans (1).

Près de 20 000 enfants nés à terme et de poids normal

La cohorte INSPIRE (Infant suceptibility to pulmonary infection and asthma following RSV exposure) est une cohorte en population rassemblant 1 946 enfants nés à terme avec un poids normal dans le second semestre 2012 ou 2013, dans 11 maternités du Tennessee (États-Unis). Parmi eux, 48 % sont des filles. Le recrutement est intervenu à l’âge médian de 55 jours de vie.

Leur exposition au VRS a été soigneusement recherchée par une surveillance à la fois active et passive (prélèvements nasaux, prélèvements sanguins), plus une recherche sérologique systématique en fin de saison épidémique. Les infections asymptomatiques survenues avant un an ont donc été recensées.

Les enfants ont par ailleurs été suivis durant cinq ans, en termes de sifflements récurrents et d’asthme.

Plus de la moitié ont été infectés par le VRS au cours de leur première année de vie. Ils ont des caractéristiques un peu différentes, notamment en termes d’ethnie et sont plus souvent nés par césarienne.

Dans l’analyse sur l’éventuelle association entre sifflements ou asthme et infection à VRS, les données ont été ajustées sur le sexe, l’ethnie, l’allaitement maternel, le mode de garde, l’exposition secondaire au tabagisme in utero et dans la petite enfance et les antécédents d’asthme maternel.

Surtout de l’asthme non atopique

« À l’âge de 5 ans, les enfants n’ayant pas été infectés par le VRS lors de leur première année de vie sont significativement moins souvent asthmatiques. On est à 16 % d’asthme, versus 21 %, avec un risque relatif ajusté réduit de 26 % (RRa = 0,74 [0,58-0,94] ; p = 0,014) », résument les auteurs.

« On observe par ailleurs une relation dose-réponse entre la sévérité des symptômes respiratoires de l’infection à VRS et le risque d’asthme à cinq ans. En revanche, l’infection à VRS n’est associée à significativement plus de sifflements répétés que jusqu’à l’âge de 3 ans », commentent les éditorialistes (2).

Parmi les enfants dont les immunoglobulines E spécifiques ont été testées à l’âge de 3 ans, ceux qui n’ont pas contracté le VRS tendent à avoir moins d’asthme non atopique, mais le même risque d’asthme atopique que ceux ayant été infectés (1).

Une piste en prévention

Pour les auteurs, « au vu de ce travail, ce sont 15 % d’asthme à l’âge de 5 ans qui pourraient être évités en prévenant les infections à VRS du petit enfant. » Néanmoins, même si cette étude prospective a été bien conduite, on reste sur des données observationnelles, avec de potentiels biais. Pour démontrer le lien de causalité, alors que des vaccins anti-VRS sont en cours de développement, les auteurs proposent d’inclure l’asthme dans les critères d’efficacité de cette vaccination. Notons aussi que, pour l’heure, les études menées avec les anticorps monoclonaux anti-VRS n’ont pas permis de montrer une efficacité sur l’asthme.

 

(1) Rosas-Salazar C et al. Respiratory syncytial virus infection during infancy and asthma during childhood in the États-Unis (INSPIRE): a population-based, prospective birth cohort study. Lancet. 2023 May 20;401(10389):1669-80 

(2) MN Billard, LJ Bont. The link between respiratory syncytial virus infection during infancy and asthma during childhood. Lancet. 2023 May 20;401(10389):1632-3

 

Pascale Solère

Source : lequotidiendumedecin.fr