Quels sont les établissements de santé qui prennent en charge le plus de cancers du poumon en France ? Ce sont les hôpitaux généraux et de très loin. « C’est ce que montrent les chiffres 2010-2011 de l’Institut national du cancer (INCa). Ils montrent que les cancers du poumon sont pris en charge à 45,4 % dans les hôpitaux généraux (CH), à 20,3 % dans des CHU, 14,7 % dans des établissements privés et 7,3 % dans des centres de lutte contre le cancer (CLCC) », détaille le Dr Didier Debieuvre, président du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux et chef du service de pneumologie du GHRMSA à Mulhouse.
Vers une plus grande égalité d'accès aux soins
Ces dernières années, un certain nombre de petits hôpitaux ont cessé de prendre en charge les cancers du poumon, à la suite notamment des différentes mesures mises en place par l’InCa pour assurer une plus grande égalité dans l’accès à des soins de qualité partout sur le territoire : des seuils d’activité minimale, des réunions de concertation pluri-disciplinaire (RCP) ou les compétences en cancérologie pour les médecins. « C’est une orientation que nous avons soutenue car il est clair qu’il faut avoir un minimum d’activité et d’expertise pour bien prendre en charge une pathologie comme le cancer du poumon qui devient de plus en plus complexe », indique le Dr Debieuvre, en insistant sur le fait qu’il existe une grande disparité entre les hôpitaux généraux. « Mulhouse, établissement de 2691 lits, par exemple fait partie des plus gros hôpitaux généraux de France, ajoute-il. Chaque année, nous recevons entre 250 et 300 nouveaux de cas de cancers du poumon, autant que certains CHU. Cela est bien sans sûr sans commune mesure avec l’activité d’hôpitaux généraux de plus petite taille ».
Le rôle essentiel des pneumologues
Pour mesurer l’activité des hôpitaux généraux, le Collège a réalisé deux études prospectives « en vraie vie » à dix ans d’intervalle, KBP 2000 et KBP 2010. « Ces études nationales ont été conduites sur des effectifs importants : 5 667 patients en 2000 sur 137 CH et 7051 patients en 2010 sur 104 CH. Elles montrent que nos patients sont en moyenne plus âgés, sont diagnostiqués plus tardivement et sont en plus mauvais état général que les patients des CHU et surtout des CLCC qui ont une clientèle sélectionnée », indique le Dr Debieuvre. « En, fait si nous avons autant de patients, c’est certainement en raison de l’excellent maillage du territoire et la répartition des pneumologues dans les hôpitaux généraux ainsi que le fait que beaucoup de patients sont adressés plutôt aux pneumologues qui, historiquement en France, ont largement assuré le diagnostic et la prise en charge des cancers du poumon en France. Aujourd’hui, dans les hôpitaux généraux, les pneumologues continuent de jouer un rôle essentiel dans la prise en charge des cancers du poumon même s’il y a aussi de plus en plus d’oncologues ».
Une prise en charge intégrant l'innovation thérapeutique
Le président du Collège s’insurge contre l’idée selon laquelle les patients, accueillis dans des CH, auraient une prise en charge moins optimale. « Un grand nombre d’hôpitaux généraux incluent des patients dans des essais cliniques et nos patients ont donc accès à l’innovation thérapeutique comme dans les autres établissements. Les enquêtes KBP montrent d’ailleurs que la survie à 5 ans des cancers du poumon, tous stades et histologies confondues, a progressé de manière significative sur dix ans en CH même si le pronostic reste péjoratif en raison d’un diagnostic qui reste tardif pour un cancer trop longtemps asymptomatique alimentant le débat sur l’intérêt du dépistage. En 2000, on avait 10,01 % de survie à 5 ans contre 12,70 % en 2010. Ces progrès sont liés à une meilleure prise en charge globale et multidisciplinaire, aux progrès et à l’innovation thérapeutiques, aux mesures du Plan Cancer mais ces chiffres ne prennent pas en compte l’impact de l’immunothérapie et de tous les traitements ciblés qui sont apparus depuis 2010 », indique le Dr Debieuvre. L’étude KBP 2020 à venir devrait confirmer ces avancées.
D’après un entretien avec le Dr Didier Debieuvre, président du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux et chef du service de pneumologie du GHRMSA (Groupe Hospitalier de la Région de Mulhouse et Sud-Alsace).
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