LA SIMULATION fait partie de l’enseignement virtuel développé depuis une dizaine d’années avec l’essor des outils numériques. Elle permet également de faire de l’enseignement à distance, dans des zones éloignées des services hospitaliers et de favoriser les collaborations avec d’autres pays, notamment des pays émergents. La simulation, initialement surtout orientée vers la maîtrise des techniques, telles que perfusion, intubation, ventilation assistée ou endoscopie, concerne désormais des actes plus complexes (chirurgie, accouchement) grâce à l’association du numérique et des mannequins.
Son intérêt majeur est de pouvoir reproduire virtuellement des situations cliniques et c’est à cette fin que la simulation a été développée dans les facultés de médecine, à destination des étudiants et des internes. En pneumologie, l’endoscopie représente l’une de ses principales applications. « Auparavant, nous disposions de mannequins avec un arbre bronchique reconstitué dans une caisse en plastique, assez loin de l’aspect réel et totalement inerte. Désormais, nous avons des machines qui permettent le même apprentissage manuel, mais l’endoscope est connecté à un ordinateur tandis que l’arbre bronchique apparaît à l’écran. Ces appareils ont été développés par des sociétés privées qui travaillent depuis longtemps avec les militaires notamment pour les simulateurs de vols et se sont adaptées au domaine médical », rapporte le Pr Bernard Maitre. Ces systèmes peuvent simuler des situations anatomiques habituelles (aspect macroscopique normal, toux, saignements…) et des situations pathologiques simples (cancer bronchique, infection pulmonaire…), ainsi que des gestes tels qu’une biopsie bronchique ou un prélèvement bactériologique. Même si les conditions ne sont pas parfaites, puisqu’il manque par exemple la sensation du toucher, ces appareils de simulation permettent d’éviter que l’apprentissage initial ne se fasse au lit du malade et donc de réduire la courbe d’apprentissage, avec une meilleure gestion des risques. Les machines sont dotées de logiciels permettant d’évaluer les progrès faits par l’étudiant, en mesurant par exemple la durée de l’examen, le nombre de fois où il touche la paroi ou le temps mis pour trouver un leurre. Il est ainsi tout à fait possible de fixer des objectifs à atteindre avant de passer dans la vie réelle. Un autre intérêt de la simulation est d’enseigner la gestion de situations exceptionnelles. « Parce que souvent l’urgence ne le permet pas, il est difficile en pratique d’enseigner un geste à réaliser dans un contexte aigu, comme un saignement massif dans les bronches. La simulation est dans ce cadre d’un apport important », souligne le Pr Maitre.
La simulation peut aussi être envisagée comme un outil de formation médicale continue à destination des médecins en exercice ou comme un moyen de simuler une situation clinique réelle pour mieux la gérer. Cette approche est très prisée des chirurgiens, qui, après avoir intégré les images du patient dans la machine, peuvent en quelque sorte s’entraîner, répéter l’intervention chirurgicale.
Un espoir en 2014 pour les internes en pneumologie.
Le recours à la simulation a bien sûr un coût, qui est de l’ordre de 80 000 euros pour un système simulant l’endoscopie, sans compter les dépenses de personnel. Il existe actuellement une plateforme de simulation intégrée dans la formation des anesthésistes –réanimateurs, l’enseignement étant délivré par des universitaires auprès des jeunes internes en formation. « Nous espérons pouvoir proposer dès l’an prochain un enseignement du même type en pneumologie sur l’Ile-de-France, en partageant une machine avec les gastro-entérologues. Ce qui sous-tend au préalable d’acquérir la machine et de former les enseignants », conclut le Pr Maitre.
D’après un entretien avec le Pr Bernard Maitre, hôpital Henri-Mondor, Créteil.
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