La fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) touche près de 10 000 personnes en France (5 cas pour 100 000 habitants). Cette maladie qui commence au niveau des cellules épithéliales alvéolaires pourrait voir son caractère idiopathique remis en cause par le rôle d'agents infectieux dans la maladie.
En effet, l'infection virale chronique serait un facteur d'activation des cellules épithéliales, ce qui déclencherait la sécrétion de nombreux médiateurs susceptibles de recruter et d'activer des cellules mésenchymateuses responsables du développement de la fibrose. Des études ont mis en évidence la présence de virus herpès dans le poumon au cours de la FPI, et très récemment la présence d’un virus herpès simien, le virus saimiri. D’une manière générale, les virus pourraient aggraver la maladie comme cela a été mis en évidence chez des souris, pour lesquelles l'infection virale a aggravé la fibrose et augmenté le risque d'exacerbation.
Charge bactérienne
En outre, un polymorphisme génétique portant sur le Toll like récepteur (TLR 9) est associé à une évolution plus rapide de la fibrose. En dehors des virus, des bactéries sont aussi impliquées dans la FPI. Les sujets présentant une FPI ont un microbiome alvéolaire identique qualitativement à celui des sujets sains, mais la charge bactérienne est plus importante chez les premiers. Le pronostic et la charge bactérienne sont négativement corrélés : plus la charge est importante, plus le pronostic est mauvais. Ainsi, des nouvelles stratégies thérapeutiques, basées sur la prescription d'antibiotiques commencent à voir le jour. Une étude britannique a évalué l'impact d'un traitement de 12 mois par sulfaméthoxazole-triméthoprime. Les chercheurs n'ont pas observé d'impact sur le déclin de la fonction respiratoire, cependant, le traitement semble apporter une amélioration de la survie. Une étude de phase 3 versus placebo est en cours. Une autre étude teste actuellement l’efficacité de l'azithromycine, qui pourrait modifier la charge bactérienne. Lors de l'hiver, et particulièrement après une infection virale, les patients déclenchent des exacerbations, qui sembleraient se traduire par une évolution plus rapide de la fibrose. Face à cette constatation, le Pr Bruno Crestani (hôpital Bichat, Paris) recommande que les patients atteints de FPI soient vaccinés contre la grippe et contre le méningocoque.
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