LA TEMPÉRATURE de cet homme est à 39° ; à l’examen clinique, il existe des signes évocateurs d’une pneumonie gauche. On constate une sensibilité abdominale générale. Il existe une hyperleucocytose (14,8x109/l,dont 11,3x109/l de neutrophiles), la protéine C réactive est élevée à 475 mg/l. Les fonctions rénales et hépatiques sont altérées : urée à 21,6 mmol/l, créatininémie à 257 µmol/l, ASAT à 115 UI/l, ALAT à 80 UI/l, bilirubine à 56 µmol/l.
La radiographie pulmonaire montre une opacité totale du poumon gauche. On suspecte une pneumonie virale ou atypique. Toutefois, tant la recherche d’antigènes urinaires de légionelle et de pneumocoque que la PCR pour les virus influenzae A et B et que l’examen microscopique et les cultures du produit d’aspiration trachéale sont négatifs. On instaure un traitement par oxygène, réhydratation I. V. et antibiotiques (amoxicilline-acide clavulanique, clarithromycine) mais la fonction respiratoire se détériore, nécessitant un transfert en unité de soins intensifs pour intubation.
Legionella longbeachae.
Le lendemain, on fait un lavage broncho-alvéolaire (LBA) puis l’on ajoute de la levofloxacine au traitement. Trois jours plus tard, la culture montre la présence de Legionella longbeachae. Le patient, qui est devenu interrogeable, indique qu’il est passionné de jardinage et que, deux jours avant le début de ses troubles, il s’est coupé l’index gauche alors qu’il faisait des plantations avec du compost. On pense qu’il s’agit-là de la porte d’entrée. L’état du patient s’améliore et il peut quitter les soins intensifs au bout de 7 jours, direction le service de pneumologie. Il en sortira peu après en bonne santé.
« La maladie du légionnaire, expliquent S. Patten et coll., qui rapportent cette observation dans le " Lancet ", est une pneumonie habituellement provoquée parLegionella pneumophila (environ 90 % des cas) ; elle est généralement détectée par la recherche d’antigènes urinaires. Bien moins habituelle est la maladie du légionnaire provoquée par Legionella longbeachae (...) Au Royaume-Uni, 9 cas ont été rapportés depuis 1984 ; aux États-Unis, la majorité des cas rapportés par les CDC entre 1990 et 1999 l’ont été chez des sujets immunodéprimés. L. longbeachae a une incidence bien plus élevée en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Japon, où elle est en cause dans 30 % de cas. »
Le compost.
La présentation clinique et le proncostic par les deux espèces de légionelles sont similaires mais L. longbeachae ne peut pas être détectée par la recherche d’antigènes dans les urines et le diagnostic repose sur la culture du produit du LBA.
De précédentes études ont montré que le compost peut être une source d’infection. La choix de l’antbiothérapie est le même pour les deux espèces de légionelles.
La Société britannique royale d’horticulture a établi des recommandations sur les risques de contracter une maladie du légionnaire en manipulant du compost et a annoncé que des avertissements seront indiqués sur les sacs de compost .
Simon Patten et coll. The Lancet du 4 septembre 2010, p. 844.
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