Comment permettre aux médecins experts de se libérer du temps médical tout en continuant à surveiller les pathologies chroniques bien contrôlées ? « Voilà un défi important de notre système de soins dans les années à venir. Et, pour avancer, il faudra miser sur des collaborations professionnelles entre médecins et paramédicaux mais aussi sur les outils de télémédecine, dont on a pu mesurer toute l’importance depuis le début de cette crise du Covid [lire aussi p. 18] », explique le Dr Bruno Stach, président du Syndicat national de l’appareil respiratoire (SAR).
Celui-ci tient à insister sur la nécessité que tous les patients ayant une maladie chronique puissent, au départ, bénéficier d’une évaluation réalisée par un médecin expert. « C’est à lui que revient la responsabilité, en accord avec le médecin traitant, de faire cette évaluation et de mesurer les répercussions médicales et sociales de la pathologie. Ainsi, ce sont les pneumologues qui doivent évaluer, au départ, les BPCO ou les syndromes d’apnée du sommeil par exemple », indique le Dr Stach, en ajoutant que cette évaluation présente de nombreux avantages. « Cela peut notamment permettre aux patients d’avoir accès aux innovations thérapeutiques sans que celles-ci soient nécessairement médicamenteuses. »
Toujours assurer une évaluation initiale spécialisée
Mais une fois passée cette première étape, comment continuer à assurer la surveillance de ces patients ? « Pour les patients déséquilibrés, le recours au médecin expert s’impose de lui-même, toujours en lien avec le médecin traitant bien sûr. Mais le cas le plus fréquent concerne les patients bien contrôlés. Il faut qu’on arrive à trouver des solutions pour que, dans notre système de soins, on puisse continuer à assurer une surveillance optimale de ces patients tout en libérant du temps aux médecins experts pour qu’ils puissent toujours prendre en charge les soins non programmés et assurer l’évaluation initiale des pathologies chroniques », indique le Dr Stach.
Pour assurer ces missions, les médecins experts, et en premier lieu les pneumologues, devront miser sur les outils de la télémédecine. « La téléconsultation, qui était parfois encore un peu balbutiante, a pris un réel essor avec cette pandémie. Il faudra aussi compter avec la télésurveillance qui, dans notre discipline, joue déjà un rôle important avec le syndrome d’apnée du sommeil ou via le programme Etapes lancé par l’Assurance-maladie pour assurer un télésuivi de ventilation non invasive des patients en insuffisance respiratoire chronique », indique le président du SAR.
Cette surveillance des patients contrôlés devra s’appuyer sur des protocoles établis par les médecins experts et traitants. « C’est très important que cette protocolisation soit faite par les médecins. Et c’est dans le cadre de ces protocoles que pourront ensuite se faire des collaborations avec les infirmiers de pratiques avancées ou les assistants médicaux. On doit réfléchir au mode de rémunération de ces collaborations sans forcément passer par un système de forfaitisation », indique le Dr Stach.
Il faudra miser sur des collaborations professionnelles entre médecins et paramédicaux mais aussi sur les outils de télémédecine
Entretien avec le Dr Bruno Stach, président du Syndicat national de l’appareil respiratoire
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024