En mars dernier, l’essai de phase 4 CAPITA, financée par Pfizer et publiée dans le « New England Journal of Medicine », montrait l’efficacité et la sécurité du vaccin pneumococcique conjugué à 13 valences (VPC13) Prevenar 13 chez le patient âgé. Plus de 84 000 adultes, de 72 ans en moyenne, ont été inclus dans l’étude dont la moitié a été vaccinée, tandis que l’autre moitié constituait un groupe placebo.
« La taille de l’étude était suffisante pour mesurer un éventuel impact sur les risques de pneumonie communautaire, de pneumonies invasives et non invasives », explique son principal auteur, le Pr Bonten de l’université médicale d’Utrecht, venu au congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses de Copenhague commenter son étude.
Une réduction significative du risque
Les pneumonies invasives, de très mauvais pronostic, sont celles contre lesquelles l’effet protecteur était le plus puissant, puisqu’il y avait 75 % de pneumonies invasives en moins dans le groupe vacciné : 7 patients hospitalisés contre 28 dans le groupe placebo au bout de quatre ans de suivi. Le risque de pneumonie communautaire était lui diminué de 45,6 % et celui de pneumonie non bactérienne et non invasive de 45 %. « La courbe des cas cumulés du groupe vacciné continuait de s’éloigner de celle du groupe placebo à la fin du suivi, ce qui signifie que l’efficacité se maintient au fil des années », précise le Pr Bonten. Il n’y avait en revanche pas d’effet sur la mortalité, « mais l’étude n’était pas conçue pour le prouver », prévient-il.
Pour le Pr Bonten, cette étude est une démonstration de l’intérêt de vacciner les personnes de plus de 65 ans, « au moins pour les personnes les plus exposées comme les immunodéprimés. »
La protection indirecte est-elle suffisante ?
Ces résultats ont été très discutés, lors du congrès de l’ESCMID, à l’occasion d’un débat sur la pertinence d’une vaccination des personnes âgées contre le Pneumocoque. Plusieurs experts n’excluent pas que la protection indirecte procurée par l’immunisation des enfants rende la vaccination des personnes âgées superflue, et ne justifie donc pas son coût (55,50 euros en France, remboursé à 65 %).
Selon le Pr Pekka Nuorti, épidémiologiste à l’université d’Helsinki, « aux États-Unis, l’introduction du VPC13 chez les enfants a baissé de 10 % les hospitalisations des personnes de plus de 65 ans, et a diminué la mortalité. Rien ne prouve que l’immunisation des personnes âgées améliorerait encore ces résultats. » Concernant l’étude CAPITA, il rappelle qu’elle n’a recruté « que des patients en bonne santé, elle ne permet pas de savoir quel serait l’impact d’une immunisation généralisée chez des patients hospitalisés en institutions, immunodéprimés ou atteints de pathologies chroniques ».
En Finlande, une stratégie vaccinale des plus de 65 ans a été introduite en 2010, basée sur le vaccin pneumococcique conjugué à 13 valences. Si les infections de personnes âgées par les sérotypes couverts par le vaccin ont bien baissé 44 %, celles par des sérotypes non couverts ont eux augmenté de 74 %, tandis que les pneumonies non bactériennes étaient aussi plus nombreuses. « Le poids global des pneumonies est donc resté le même », résume le Pr Nuorty.
Un effet positif sur les résistances aux antibiotiques
Si une réflexion doit être menée autour d’un élargissement de la vaccination par le VPC13, un autre élément pourrait être pris en compte par les autorités sanitaires : l’évolution favorable des résistances aux antibiotiques des pneumocoques depuis son introduction. Lors d’une session dédiée à l’évolution des résistances antimicrobiennes, le Dr Marie Kempf du département de Biologie des agents infectieux et pharmacotoxicologie du CHU d’Angers a en effet communiqué les dernières données du réseau de 23 observatoires régionaux du pneumocoque (ORP) qu’elle coanime. « L’introduction du vaccin à 7 valences, en 2010, s’est accompagnée d’une baisse des taux de résistance à la pénicilline, à l’amoxicilline et au céfotaxime », explique-t-elle.
Depuis 2007, en France, les taux de résistances à la pénicilline ont chuté de 44 à 25 % chez l’adulte et de 46 à 24 % chez l’enfant. Les taux de résistances à l’amoxicilline et au céfotaxime ont baissé dans les mêmes proportions. Selon le Dr Kempf, « la vaccination a presque anéanti la circulation des 7 sérotypes couverts par l’ancien vaccin, et beaucoup gènes de résistances étaient portés par ces sérotypes. » Le vaccin à 13 valences, introduit en 2010 pourrait diminue encore les taux de résistance en limitant la circulation des sérotypes 1, 5 et 7F.
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