La plainte « fatigue » peut traduire des ressentis très différents selon les individus et les cultures. Pour être tout à fait clair, il convient de distinguer la fatigue de l’asthénie et de la somnolence. Ainsi, la fatigue se caractérise par une lassitude physique ou morale éprouvée après un effort et s’améliorant quand celui-ci cesse ; l’asthénie répond à une sensation de faiblesse générale, insensible au repos ; la somnolence se définit comme un état intermédiaire entre la veille et le sommeil, caractérisé par une tendance irrésistible à l’assoupissement si la personne n’est pas stimulée, et seul le sommeil permet de corriger le trouble.
La fatigue est dite chronique quand elle évolue plus de trois à six mois.En pratique, la première démarche consiste à essayer de différencier une fatigue physique (weakness des Anglo-Saxons) d’une lassitude plutôt thymique (tiredness) et de préciser l’existence ou non d’une somnolence, celle-ci pouvant orienter sur un trouble du sommeil.
Les grandes causes respiratoires
Une enquête pneumologique a minima est essentielle devant une plainte de fatigue avec, en l’absence de cause évidente à l’examen clinique, la nécessité de prescrire une radiographie thoracique et un bilan biologique.
La liste des causes est longue : tuberculose, cancer bronchique, lymphomes, thymome, sarcoïdose, abcès chronique, pleurésie… Il faut se méfier des présentations atypiques et difficiles à visualiser sur une simple radiographie : miliaire ou syndrome interstitiel (pouvant témoigner d’une maladie auto-immune, par exemple), ou encore des atteintes médiastinales avec une adénopathie bien cachée. Le scanner thoracique se discute devant toute asthénie de novo et persistante, et ne faisant pas sa preuve par ailleurs.
Somnolence diurne excessive (SDE)
Si somnolence et fatigue sont deux entités distinctes, le sujet somnolent peut se plaindre de fatigue. La somnolence oriente d’emblée vers une pathologie du sommeil et en particulier vers le syndrome d’apnées du sommeil (SAS), d’autant que le patient est ronfleur, en surcharge, hypertendu, voire diabétique…
Cependant, la corrélation est faible entre l’index d’apnées-hypopnées (IAH), l’index de micro-éveils et la sévérité de la somnolence estimée par l’échelle d’Epworth. En outre, un tiers des apnéiques ne présente pas de surcharge pondérale. Enfin, si la moitié des insuffisants cardiaques présente un SAS et si, dans la moitié des cas, il s’agit d’apnées centrales, la bronchopathie est alors absente.
L’ancienneté de l’hypersomnie diurne doit faire rechercher une autre cause, en particulier d’origine neurologique, telles que la narcolepsie ou l’hypersomnie idiopathique parfois familiale. Il convient de rappeler qu’une polygraphie simple n’élimine en aucun cas le diagnostic de Syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS), et que seule la polysomnographie le permet. La somnolence diurne excessive (SDE) résiduelle sous PPC n’est pas exceptionnelle et concerne environ 10 % des patients.
D’autres pathologies peuvent coexister avec la SDE : syndrome des mouvements périodiques des jambes, dépression, dette de sommeil, travail posté, insomnie quelle qu’en soit la cause. Enfin, les SDE iatrogéniques médicamenteuses sont à évoquer systématiquement.
Compte tenu de la très faible spécificité du symptôme fatigue chez l’insuffisant cardiaque et du très mauvais pronostic de l’association SAS/IC, il est de bonne pratique de demander une polygraphie à tout insuffisant cardiaque.
Asthme, BPCO et fatigue
Le non-contrôle de l’asthme ou l’asthme instable, sont source d’insomnie (toux, dyspnée nocturne) : il faut donc penser à réaliser un Test de contrôle de l’asthme (TCA). L’association asthme et rhinite obstructive entraîne une plainte d’insomnie chez plus de la moitié des sujets, quand l’asthme n’est pas contrôlé. La présence d’une polypose nasosinusienne peut également être cause de SAOS.
La plainte de somnolence est très fréquente chez les patients atteints de BPCO. Il en est de même des plaintes de fatigue au réveil, d’insomnie ou de mauvais sommeil. Les causes sont multiples : dyspnée et toux nocturnes, anxiété ou dépression retrouvée chez 40 % des BPCO évoluées.
Enfin, en cas d’asthme et de BPCO, il faut penser aux effets secondaires des médicaments : stéroïdes, théophylline, bêta-2 stimulants et antileucotriènes.
D’après Dr Franck Soyez (pneumologie, hôpital privé d’Antony) et Pr Jean-Claude Meurice (service de pneumologie, hôpital La Miletrie, CHU de Poitiers)
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