AU MOINS les deux tiers des personnes atteintes de BPCO ne se savent pas malades (ce chiffre va jusqu’à 90 % dans certaines études). Aux stades débutants de la BPCO, les patients ont tendance à minimiser la gravité de ces symptômes qui ne les inquiètent pas (ou dont ils ne veulent pas s’inquiéter ?) puisqu’ils fument ! Ils s’adaptent progressivement à leur essoufflement en réduisant leurs activités… L’âge aussi est une excellente excuse pour juger que le handicap ne vaut pas une consultation. « Il n’est pas normal de tousser, de cracher et d’être essoufflé quel que soit l’âge et même chez un sujet âgé », rappelle le Pr Nicolas Roche (Hôtel-Dieu, Paris).
Des symptômes souvent banalisés.
Les symptômes de la BPCO sont en effet peu spécifiques. Ils apparaissent après des années d’exposition au tabac (de loin, la première cause de BPCO) et varient selon les stades d’évolution. Au stade débutant (avant que l’essoufflement ne soit perceptible), l’irritation des bronches par le tabac peut se traduire par une toux grasse (en particulier le matin), qui est alors le seul symptôme ; toutefois, elle est absente chez la moitié des patients environ, surtout s’ils ont arrêté de fumer. À un stade plus avancé, une dyspnée apparaît. L’essoufflement survient tout d’abord pour des efforts relativement importants, puis au fur et à mesure que la maladie s’aggrave, il peut devenir constant, pouvant gêner les gestes de la vie courante : monter un escalier, marcher quelques mètres…
Trop souvent, la maladie est découverte à ce stade où les dégâts pulmonaires sont déjà avancés. « Il faut bien interroger les patients âgés sur les limitations ( souvent minimisées) de leur vie quotidienne, surtout les sujets à risque, fumeurs ou anciens fumeurs, même s’ils ont arrêté depuis longtemps… Il faut aussi penser à la BPCO devant des symptômes totalement aspécifiques chez un sujet à risque, par exemple s’il se plaint de fatigue inexpliquée… », explique le Pr Nicolas Roche.
Quand un fumeur commence à tousser et à cracher de façon prolongée tous les jours, ou a fortiori à être essoufflé, il est éminemment suspect de BPCO. Celle-ci doit être identifiée pour pouvoir mettre en place une prise en charge qui doit être globale. En effet, les patients atteints de BPCO sont fréquemment atteints d’autres maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète et le syndrome métabolique, l’ostéoporose, la dépression, l’anémie ou la dénutrition…
Une exploration fonctionnelle respiratoire complète.
Seule la mesure du souffle permet de détecter une éventuelle obstruction bronchique. Les minispiromètres électroniques sont utilisables par tout généraliste. « Mais, les résultats ne sont pas toujours fiables car il faut que la manœuvre d’expiration forcée soit bien faite et elle n’est pas toujours facile à réaliser chez des personnes âgées et fragiles. En cas de doute, le plus simple est d’adresser directement le patient vers un pneumologue ou un laboratoire d’explorations pour une exploration fonctionnelle respiratoire complète », souligne le Pr Nicolas Roche.
Il existe également une augmentation des infections bronchiques chez les patients atteints de BPCO. « Les patients à risque (fumeurs, ex-fumeurs, certaines expositions professionnelles) faisant des bronchites à répétition doivent aussi pouvoir bénéficier d’un bilan fonctionnel respiratoire qui montre parfois une obstruction bronchique déjà importante. »
Les bronchodilatateurs constituent l’essentiel du traitement de fond de la BPCO.
En ce qui concerne les bêta-2-mimétiques, leur sélectivité bêta-2-adrénergique explique qu’aux doses usuelles ils n’induisent que peu de risque cardiovasculaire (tachycardie, troubles du rythme…), surtout par voie inhalée, sauf peut-être en cas de pathologie cardiovasculaire particulièrement sévère ou instable.
Les anticholinergiques inhalés induisent une bronchodilatation, sans passage systémique ou presque. L’inhalation des anticholinergiques réduit l’incidence des effets indésirables. Ils sont toutefois à administrer avec prudence en cas de glaucome à angle fermé (particulièrement pour la voie nébulisée, avec risque « d’échappement » de l’aérosol vers les yeux) et d’hypertrophie de la prostate (éviter dans ce cas tout particulièrement la co-administration d’une forme à longue durée d’action en traitement de fond et à courte durée en traitement des symptômes ou des exacerbations).
Liens d’intérêt Pr Nicolas Roche : honoraires et financements pour participation à des congrès, communications, actions de formation médicale continue, travaux de recherche, participation à des groupes d’experts de la part des laboratoires Almirall, AstraZeneca, Boehringer Ingelheim, Chiesi, GlaxoSmithKline, Hoffman la Roche, Mundipharma, MEDA, Novartis, Nycomed/Altana, Pfizer, TEVA.
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