L'asthme sévère, qui concerne 5 % des patients, est resté longtemps une maladie orpheline, sans recours thérapeutique efficace en dehors des corticoïdes, avec leur cortège d'effets secondaires. L'arrivée il y a 10 ans de la première biothérapie, l'omalizumab, un anticorps monoclonal recombinant ciblant l'immunoglobuline E, a représenté une avancée majeure. L'arsenal thérapeutique devrait prochainement s'élargir avec la mise à disposition d'autres biothérapies. Plusieurs anti-IL5 ont en effet eu une autorisation de mise sur le marché et sont en attente de prix. «Cela va changer la donne en offrant une nouvelle option pour les patients ayant un asthme sévère avec une hyperéosinophilie et une polypose nasosinusienne», souligne le Pr Antoine Magnan (CHU Nantes), avant de rappeler que tous les patients souffrant d'asthme sévère ne sont pas hyperéosinophiliques.
«Parmi les nouvelles approches thérapeutiques, le traitement endoscopique par thermoplastie bronchique donne des résultats intéressants, mais son développement est aujourd'hui freiné par l'absence de modèle économique», poursuit le Pr Magnan.
L'allergologie devient une spécialité à part entière
Un asthme sévère sur deux est allergique, les acariens étant le plus souvent en cause. Ceci souligne l'importance de la reconnaissance de l'allergologie comme une spécialité à part entière, ce qui vient d'être acté dans le cadre de la réforme du 3e cycle des études médicales.
Jusqu'alors l'allergologie était une surspécialité, accessible par une capacité ou un diplôme d'études spécialisées complémentaires (DESC) aux pneumologues, dermatologues, pédiatres, ORL et médecins généralistes.
«Cette organisation permettait une bonne prise en charge des atteintes d'organes, comme l'asthme ou la dermatite atopique. Mais, elle ne répondait pas complètement aux besoins des patients en cas d'atteinte multi-organes, d'allergie médicamenteuse ou de choc anaphylactique», indique le Pr Magnan.
Désormais, la filière du DES formera des allergologues, avec 30 postes ouverts dès la rentrée 2017, dont l'un au CHU de Nantes.
Deux axes de recherche : prévention et immunothérapie
Pour les étudiants, la spécialité ouvre aussi des perspectives intéressantes en termes de recherche, «notamment dans deux grands champs que sont la prévention et l'immunothérapie que nous développons à Nantes, au CHU, à l’INRA et à l’INSERM», indique le Pr Magnan.
L'incidence des allergies – rhinite, asthme et dermatite atopique en particulier — est en augmentation constante, en lien avec les modifications du mode de vie et de l'environnement microbien au cours de la petite enfance. De nombreux travaux portent sur les modifications du microbiote intestinal, avec l'utilisation de prébiotiques et de probiotiques y compris chez la femme enceinte. Après la validation du concept sur des modèles animaux, un projet en clinique humaine devrait voir le jour.
Autre voie de recherche en allergologie : l'immunothérapie. La désensibilisation progresse, avec l'arrivée de comprimés, et de nouvelles modalités sont explorées, fondées sur l'utilisation non plus d'extraits entiers mais d'antigènes et de peptides recombinants.
D'après un entretien avec le Pr Antoine Magnan, service de pneumologie du CHU de Nantes et unité de recherche de l’institut du thorax.
Pour en savoir plus : Magnan Antoine. Asthme et Allergies. 100 questions/réponses. Editions Ellipses 2016.
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