« Il n'y a pas de preuve que le dépistage de la BPCO chez les personnes asymptomatiques apporte un bénéfice santé » : telles sont les dernières conclusions de l'U.S. Preventive Services Task Force (USPSTF) relatives à la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) et sur lesquelles le comité d'experts américain appuie ses nouvelles recommandations.
Ce dernier s'était déjà prononcé dans ce sens en 2008, se positionnant contre le dépistage par spirométrie chez les adultes asymptomatiques arguant que ce test n'est pas un déterminant spécifique en l'absence d'examen clinique complémentaire. L'USPSTF revient en outre, dans ce nouvel avis, pour les mêmes raisons, sur le manque d'intérêt clinique des questionnaires. Ces derniers peuvent effectivement orienter vers des symptômes qui sont aussi ceux d'un asthme ou d'une autre pathologie pulmonaire.
Les questionnaires en question
Actuellement, en France, quelque 3,5 millions de personnes (5 % de la population) souffrent de BPCO, dont un tiers seulement sont diagnostiquées. Alors que cette pathologie provoque 16 000 décès par an. Le questionnaire en vigueur, proposé par la Haute Autorité de santé (HAS), repose sur 5 items peu spécifiques, mais deux d'entre eux interrogent sur l'âge et le tabagisme. « Ce qui permet toutefois un premier débrouillage, remarque le Pr Bruno Housset, président de la Fédération française de pneumologie, même si effectivement cela ne suffit pas pour poser un diagnostic. » Un questionnaire mieux ciblé pourrait selon lui être efficace, à l’instar du score clinique de Price & coll publié par dans la revue « CHEST » en juin 2006 reposant sur une dizaine d'items. En tout état de cause, l'Assurance-maladie y travaille.
Le dépistage seul jugé sans intérêt
De son côté, l'USPSTF estime globalement que le dépistage de la BPCO chez les patients asymptomatiques, à l'aide des outils actuels, se résume en une perte de temps durant la consultation et en une possible source de désagréments pour les patients. Les experts américains soulèvent précisément les inconvénients du surdiagnostic en termes de bénéfices/risques. Celui-ci peut amener à traiter pour une BPCO des patients qui n'en ont pas besoin et qui, de fait, peuvent souffrir inutilement des effets secondaires inhérents à l'usage des bronchodilatateurs traitant cette pathologie. Au regard des études, le diagnostic précoce ne semble ni ralentir ni empêcher l'évolution de la maladie, ni induire un changement d'attitude (arrêt ou limitation de la consommation de tabac) chez les patients concernés.
Mais le diagnostic reste essentiel chez les sujets symptomatiques : « 16 % des sujets hospitalisés pour exacerbation de BPCO ne connaissaient pas leur diagnostic avant, souligne le Pr Housset. Dans tous les cas, le dépistage seul n'a aucun intérêt. Il est indispensable d'y associer un discours de prévention ou d'aide au sevrage tabagique. »
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024