Après un pic d’infections atteint en janvier, les premiers mois de 2024 ont vu refluer la poussée épidémique de pneumopathies à Mycoplasma pneumoniae (Mp). D’intensité inhabituelle, cette vague a démarré en novembre 2023, touchant surtout les enfants et les jeunes adultes. Si une stabilisation des indicateurs de suivi a été observée à partir de février 2024, les niveaux sont restés supérieurs à ceux des années avant le Covid.
Cette recrudescence, également observée en Europe et en Asie du Sud-Est, pourrait relever de la conjonction de la levée des mesures de contrôle du Covid et d’un cycle épidémique, avance la Haute Autorité de santé (HAS). L’absence d’immunisation acquise après une infection et la circulation de génotypes différents expliquent la survenue de poussées épidémiques cycliques. La précédente vague en France date de la saison 2010-2011.
Mp est une bactérie dite atypique, strictement humaine, qui se transmet par fines gouttelettes lors de contacts rapprochés avec des personnes symptomatiques après une période d’incubation d’une à trois semaines. L’infection touche essentiellement une population jeune avec un pic d’incidence observé entre 4 et 15 ans mais peut concerner toutes les tranches d’âge.
La plupart des infections à Mp se limitent à des atteintes respiratoires hautes avec des symptômes de la sphère ORL de résolution spontanée. Des infections respiratoires basses peuvent aussi être observées, Mp étant le deuxième agent, après le pneumocoque, impliqué dans les pneumopathies aiguës communautaires bactériennes.
Une antibiothérapie probabiliste par macrolides
Dans un « DGS Urgent » et des réponses rapides de la HAS, les autorités ont rappelé qu’un diagnostic de pneumopathie à Mp doit être évoqué devant : une pneumopathie aiguë communautaire avec échec à 48-72 heures d’une antibiothérapie par amoxicilline ou amoxicilline-acide clavulanique ; un tableau de pneumopathie aiguë communautaire d’installation progressive parfois accompagnée de signes extra-respiratoires. L’existence de cas groupés est également évocatrice (collectivités, écoles, famille, armée…).
Généralement, est observée une toux d’installation progressive plus ou moins associée à un syndrome fébrile. La toux inaugurale est sèche et devient productive en s’étalant sur trois à quatre semaines. Les signes respiratoires sont discrets et il y a peu d’altération de l’état général. Toutefois, des cas d’exacerbation d’asthme ont été rapportés chez certains enfants avec des sibilants à l’auscultation.
Les manifestations extra-respiratoires sont présentes dans près d’un quart des cas. Parmi les signes les plus fréquents : des myalgies, une cytolyse hépatique ou encore des éruptions cutanées maculo-papulaires. Il s’agit de manifestations auto-immunes et/ou de lésions infectieuses directes.
En cas de suspicion clinique forte, une antibiothérapie probabiliste par macrolides (azithromycine ou clarithromycine) doit être commencée sans attendre les résultats de la radiographie de thorax, par ailleurs indiquée pour étayer le diagnostic et rechercher les complications. Il peut y avoir un retard radiologique de 72 heures par rapport au début des symptômes. En revanche, la sérologie est inutile pour le diagnostic à la phase aiguë.
L’évolution sous antibiothérapie, notamment de la fièvre, doit être favorable dans les 48 -72 heures. Dans le cas contraire, le patient doit être réévalué. Les critères d’hospitalisation sont les mêmes que pour toute pneumonie aiguë communautaire.
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