Le syndrome du bébé secoué est un traumatisme crânien non accidentel, provoqué par le secouement, seul ou associé à un impact. « Il s’agit d’un geste violent, volontaire, et non pas maladroit ou malencontreux, qui n’a rien à voir avec le jeu, contrairement à ce qui a été cru pendant longtemps et qui l’est encore trop souvent», précise le Dr Anne Laurent-Vannier. « Le secouement est secondaire à l’exaspération d’un adulte face aux pleurs du bébé ». L’enfant est dans la grande majorité des cas âgé de moins de 12 mois, deux fois sur trois de moins de 6 mois. Il s’agit le plus souvent d’un garçon. Si l’on se réfère aux aveux, l’adulte qui secoue l’enfant est la plupart du temps un homme vivant avec la mère (père de l’enfant ou compagnon), mais dans 20% des cas il s’agit de la personne qui garde l’enfant. Le syndrome du bébé secoué s’observe dans tous les milieux socio-culturels, mais on note fréquemment un isolement social et familial des parents ainsi qu’une méconnaissance des besoins d’un enfant. Il concernerait environ 180 à 200 enfants chaque année en France, chiffre sous-estimé de façon certaine.
Dans les cas les plus graves, l’enfant est retrouvé mort et, selon les recommandations de la Haute autorité de santé, une autopsie est essentielle. Un atteinte neurologique grave d’emblée -malaise sévère, troubles de la vigilance, convulsions, hypertension intracrânienne aigue..- peut également, selon le contexte de survenue (histoire de chute de faible hauteur ou de malaise avec mesures de réanimation), faire évoquer le diagnostic.
« Parfois à l’inverse, les signes d’appel sont beaucoup plus anodins, rapporte le Dr Laurent-Vannier : vomissements inhabituels sans diarrhée, souvent catalogués de gastro-entérite, modification du comportement (troubles du sommeil, de l’alimentation, baisse des interactions, hypotonie..), pâleur, ecchymose, exceptionnelle chez un bébé qui ne se déplace pas seul, sont autant de signes qui, seuls ou associés, doivent faire penser à la possibilité de ce diagnostic ».
L’examen clinique doit être complet, sur un enfant nu, à la recherche d’ecchymoses qui peuvent siéger sur tout le corps, y compris sur le cuir chevelu et la partie interne de la bouche. Le périmètre crânien doit être mesuré systématiquement puis rapporté sur la courbe : une cassure vers le haut doit alerter en l’absence de tension de la fontanelle.
Les données de l’anamnèse peuvent également être évocatrices : retard de recours aux soins, explications incompatibles avec le tableau clinique ou l’âge de l’enfant, ou bien changeantes, consultation antérieure pour traumatisme, antécédent de mort inexpliquée dans la fratrie…
Au moindre doute, l’enfant doit être hospitalisé et bénéficier en urgence d’un scanner cérébral qui objective les lésions hémorragiques et l’œdème, et d’un fond d’œil. Ce dernier doit être réalisé après dilatation par un ophtalmologiste expérimenté, idéalement dans les 24 heures, au plus tard dans les 72 heures. Le bilan sanguin recherche une anémie et des troubles de la coagulation.
Une IRM cérébrale et de la partie haute du cou est faite dès que l’enfant est stable, dans un but diagnostique et pronostique.
Les lésions intracrâniennes sont à type d’hématomes sous-duraux plurifocaux (secondaire à la rupture des veines mises en tension lors du secouement) et de lésions cérébrales anoxiques oedémateuses. Les hémorragies rétiniennes sont quasi-pathognomoniques lorsqu’elles sont multiples, profuses ou éclaboussant la rétine jusqu’à sa périphérie, mais elles peuvent également être localisées et unilatérales. Enfin elles sont absentes dans 30 % des cas.
« Le rapport d’audition publique (1) précise les critères diagnostiques et de signalement. En pratique, la présence d’un hématome sous-dural en nappe, même sans autre lésion associée, rend le diagnostic probable et impose un signalement au procureur de la République », conclut le Dr Anne Laurent-Vannier.
(1) Syndrome du bébé secoué. Recommandations de la Commission d’audition. Mai 2011.
Pour en savoir plus : site internet : syndromedubebesecoue.com
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