Cela fait maintenant 20 ans que des stratégies de prévention et de contrôle du paludisme faciles à mettre en œuvre sont connues.
Le rapport publié par le partenariat RBM (Roll Back malaria) établit le bilan de dix ans de déploiement des deux principales mesures de prévention par l’organisation mondiale de la santé OMS en Afrique Subsaharienne : le traitement préventif intermittent pendant la grossesse, et la mise en place de moustiquaires imprégnées d’insecticide longue durée. Le traitement préventif intermittent consiste en un protocole thérapeutique complet antipaludique (généralement à base de sulfadoxine-pyriméthamine) lors des visites prénatales, indépendamment de la présence d’une infection palustre chez la patiente. En 2012, l’OMS a d’ailleurs recommandé d’administrer quatre doses lors de la grossesse, suivant un calendrier précis.
Moins de faible poids de naissance
Un chiffre rassurant : le déploiement de ces deux mesures a été associé à une baisse de 18 % de la mortalité néonatale et une diminution de 21 % de la prévalence du faible poids à la naissance dans les 25 pays concernés par le rapport. Selon l’« outil des vies sauvées », l’intensification de la prévention du paludisme pendant la grossesse a épargné la vie d’environ 94 000 nouveaux nés entre 2009 et 2012. Précisons toutefois qu’il ne s’agit pas d’une évaluation très précise avec une fourchette située entre 19 000 et 251 000 décès évités sur cette période. Les pays dont les taux de couverture et d’utilisation de ces mesures sont les plus élevés, sont également ceux dont la mortalité infantile a le plus chuté : environ 20 % de baisse en 10 ans.
Un taux de couverture qui augmente trop lentement
Pour efficace qu’elles soient, le taux de recours à ces méthodes est pour le moins décevant : 22 % des femmes enceintes bénéficient d’un traitement préventif intermittent en Afrique Subsaharienne, et 39 % bénéficient d’une moustiquaire alors que 77 % d’entre elles ont effectué au moins une consultation prénatale. Les opportunités de prévention ne sont donc par toutes exploitées, même si les taux de couvertures ont augmenté depuis 2004, période à laquelle les taux de couverture étaient de 14 % pour le traitement préventif intermittent et de 17 % en ce qui concerne le recours à une moustiquaire. Il existe une importante disparité entre les pays : le Cameroun, à titre d’exemple, a enregistré une couverture de 20 % pour les traitements préventifs en 2011, mais de seulement 20 % pour les moustiquaires. À l’inverse, 11 % des femmes enceintes du Burkina Faso ont bénéficié d’un traitement préventif en 2011, alors que 45 % d’entre elles dormaient sous une moustiquaire imprégnée.
300 000 décès évitables sur trois ans
Dans l’avant-propos du rapport, le parlementaire britannique Stephen O’Brien, défenseur mondial de la lutte contre le paludisme rappelle qu’en dépit de ces améliorations « un enfant meurt du paludisme toutes les minutes » en Afrique. Les infections palustres contractées en cours de grossesse tuent en moyenne 10 000 Africaines par an, et entre 75 000 et 200 000 nourrissons. Si la couverture des mesures préventives avait été de 80 %, les auteurs du rapport estiment que 300 000 décès néonataux auraient été évités.
Le rapport préconise que ces deux approches soient intégrées dans tous les programmes de santé reproductive et de santé maternelle néonatale et de l’enfant. Dans plusieurs pays, les différents programmes nationaux et internationaux fournissent en effet souvent à la population des informations contradictoires. Les auteurs notent également que les femmes et les médecins ne sont souvent pas au courant de l’existence et de la nécessité de telles mesures préventives.
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