ÊTRE OBÈSE dès l’enfance, ce n’est pas une mauvaise passe faussement rattrapable, c’est se mettre en danger pour toute la vie. C’est ce que vient de prouver une étude des National Institutes of Health, qui a suivi près de 5 000 enfants indiens d’Arizona, nés entre 1945 et 1984, jusqu’en 2003. Selon l’équipe dirigée par le Dr Paul Frank, les individus ayant présenté des facteurs de risque cardio-vasculaires dès l’enfance avaient davantage de risque de mourir prématurément. Ainsi, le quartile des enfants les plus gros, par rapport au quartile des plus minces, doublait le risque de décéder avant l’âge de 55 ans de cause endogène, c’est-à-dire de maladie ou d’addiction, le quartile de ceux ayant le taux le plus élevé d’intolérance au glucose augmentait ce risque de 73 %, par rapport au quartile le plus bas. Quant à l’hypercholestérolémie, en revanche, elle n’est pas apparue comme un facteur de risque prédictif.
En collaboration avec des équipes britanniques et suédoises, les épidémiologistes de Phœnix ont analysé les données de 4 857 enfants indiens d’Amérique, issus des tribus Pima et Tohono en Arizona. Comme l’obésité infantile y est décrite depuis quelques dizaines d’années, cette population se prêtait tout particulièrement à l’étude le phénomène et les conséquences à long terme de l’apparition précoce de facteurs de risque cardio-vasculaires. Pendant la période de suivi, 559 des 4 857 participants sont décédés avant l’âge de 55 ans, dont 166 de cause endogène : 59 cas d’hépatite alcoolique, 22 de maladie cardio-vasculaire, 21 d’infections, 12 de cancer, 10 de diabète ou de néphropathie diabétique, 9 d’addictions aiguës et 33 de cause autre. Près de 1390 sujets étaient obèses (28,7 %). L’intolérance au glucose était mesurée par un test de charge en glucose de 75 g.
Obésité, trouble métabolique premier .
Comme la prévalence de l’obésité infantile des Indiens d’Arizona, 28,7 % dans l’étude, est comparable de celle observée aujourd’hui chez les sujets d’origine Afro-Américaine et Hispanique, il est vraisemblable que ces résultats sont généralisables à d’autres ethnies. Selon les auteurs, l’obésité est le déséquilibre métabolique premier survenant chez les enfants, et probablement impliqué dans la survenue des autres facteurs de risque cardio-vasculaires. Le fait que l’hypercholestérolémie soit sans effet est surprenant. Il est probable qu’un suivi prolongé puisse le mettre en évidence à un âge plus avancé. De l’avis des auteurs, il est vraisemblable que le mode de vie joue un rôle en facteur confondant : l’obésité peut être à la fois cause et conséquence de l’inactivité physique, de prise calorique excessive et d’erreurs diététiques. Comme concluent les auteurs, ces résultats soulignent « la nécessité de renverser la tendance à l’obésité et de la prévenir dès les plus jeunes années ».
N Engl J Med, 362;6; 11 485-493. 11 février 2010.
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