Les infections dans la petite enfance augmenteraient le risque d’épisodes ultérieurs

Par
Publié le 16/01/2025
Article réservé aux abonnés

Les infections dans les premières années de vie seraient associées à des risques accrus d'infections modérées à sévères et de traitements antibiotiques plus tard dans l'enfance, selon une étude de cohorte danoise.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Un adage pourrait être en train de tomber. Loin de renforcer le système immunitaire, la multiplication des épisodes infectieux dans les premières années de vie pourrait augmenter le risque d’infections d’intensité modérée à sévère et de traitements antibiotiques pendant l’enfance.

Cette conclusion est tirée d’une étude de cohorte longitudinale publiée dans Jama Network Open. Menée au Danemark, l’étude a suivi 614 enfants (51,6 % de garçons) de leur naissance à 10 ou 13 ans. Ces enfants ont développé en moyenne 16,4 épisodes infectieux entre 0 et 3 ans, l’infection la plus fréquente étant le rhume (moyenne de 12,3 épisodes).

Les enfants dont le nombre d'infections entre la naissance et l’âge de 3 ans était élevé (plus de 16 épisodes) présentaient, par rapport à ceux avec un nombre d’infections plus faible (moins de 16), un risque accru d'infections ultérieures modérées à sévères (181 contre 87 épisodes ; ratio de taux d'incidence ajusté [AIRR] = 2,39) et de traitements antibiotiques systémiques (799 contre 623 épisodes ; AIRR = 1,34) jusqu'à l'âge de 10 ou 13 ans.

Chaque infection augmente le risque ultérieur

Chaque infection a augmenté le risque ultérieur d'infections modérées à sévères (AIRR = 1,05) et de traitements antibiotiques systémiques (AIRR = 1,02). Dans le détail, si chaque épisode de rhume, d'otite moyenne aiguë, de pneumonie, de gastro-entérite et de fièvre est associé à un risque accru, ce n’est pas le cas pour l'amygdalite.

Concernant la pneumonie, chaque épisode précoce était associé à un risque accru de pneumonie plus tard dans l'enfance (AIRR à 1,51). « En divisant les enfants en deux groupes, ceux ayant eu plus d'un épisode de pneumonie (83 enfants) de la naissance à 3 ans contre 1 ou 0 épisode (531 enfants), le signal est devenu encore plus fort avec une estimation de l'effet plus élevée (AIRR = 4,06) », est-il relevé.

Par ailleurs, une analyse a porté sur un sous-groupe de 309 enfants présentant des symptômes pulmonaires gênants, pour lequel un échantillon de virus respiratoires aigus a été examiné entre la naissance et 3 ans. Cette analyse montre que le nombre de virus respiratoires mesurés dans le nasopharynx était associé à un risque ultérieur de pneumonie. Ce résultat était significatif pour les rhinovirus (AIRR = 1,70) et les entérovirus (AIRR = 1,89), mais pas pour le virus respiratoire syncytial (AIRR = 1,14).

D’autres travaux ont déjà montré une association entre les infections dans les premières années de vie et le développement ultérieur de maladies atopiques (asthme et allergies, notamment), mais aussi celui de facteurs de risque cardio-métaboliques et de troubles mentaux. Ces résultats pourraient permettre aux pédiatres de mener des interventions de prévention ciblées auprès des familles d’enfants concernés, et notamment de lutter contre le tabagisme, espèrent les auteurs.


Source : lequotidiendumedecin.fr