L’échographie pulmonaire est amenée à se développer en pédiatrie car elle présente de nombreux avantages par rapport à la radiographie standard : elle est facilement réalisable, non irradiante et disponible directement au lit du malade.
De nombreuses études rapportent d’ores et déjà son intérêt dans le diagnostic et le suivi de plusieurs pathologies respiratoires affectant le nouveau-né, le nourrisson et l’enfant. Néanmoins, cet outil reste sous-utilisé dans le domaine de la pédiatrie, en comparaison avec celui de la médecine adulte.
Pleuropneumopathies, bronchiolites
« L’échographie pulmonaire présente un intérêt dans la plupart des pathologies respiratoires. Elle présente notamment une sensibilité diagnostique plus élevée que la radiographie dans les pneumonies de l’enfant (1). Et, au-delà, elle peut également aider à faire la distinction entre une origine virale et bactérienne d’une pneumonie (2), explique la Dr Céline Delestrain (Centre hospitalier intercommunal de Créteil). En plus de son utilité diagnostique dans les pleuropneumopathies de l’enfant, elle permet de faire un repérage plus sûr, au lit du malade, avant la ponction pleurale par le médecin qui ponctionne. »
Dans la bronchiolite, l’échographie permet d’identifier des lésions pulmonaires, avec une bonne corrélation entre la sévérité clinique, l’oxygénodépendance et la présence de condensations échographiques. En association avec les données cliniques, elle semble être un outil intéressant pour prédire le recours à un support ventilatoire (3).
« Autre avantage non négligeable, à l’ère du Covid-19, on peut détecter les lésions pulmonaires du Sars-CoV-2 en échographie, avec une très bonne corrélation avec le scanner, sans irradiation et sans déplacer le patient (6) », souligne-t-elle.
Drépanocytose, PID
C’est aussi un outil de dépistage du syndrome thoracique aigu (STA) chez l’enfant comme l’adulte (4). « Dans quatre centres de la région parisienne, dont notre centre de référence de la drépanocytose, nous menons une étude prospective multicentrique afin d’évaluer la sensibilité et la spécificité de l’échographie pulmonaire par rapport à la radiographie pulmonaire dans le diagnostic de STA chez des enfants atteint de drépanocytose », déclare la Dr Delestrain.
Dans le domaine des pathologies respiratoires rares de l’enfant, l’échographie pulmonaire est un outil intéressant de détection et de suivi des pathologies interstitielles diffuses (PID), permettant de guider la réalisation de TDM thoracique pour éviter leur répétition. Plusieurs études, réalisées sur des cohortes de patients adultes atteints, principalement de connectives (sclérodermie notamment), ont décrit la bonne sensibilité de l’échographie pulmonaire dans la détection des PID et une bonne corrélation des données échographiques et scanographiques (5). « Nous l’utilisons actuellement dans notre centre de référence des maladies respiratoires rares pour le suivi de patients atteints de PID dans le cadre d’une étude pilote, que j’ai débutée sur l’hôpital Trousseau », précise la pneumologue.
Au-delà de l’analyse du parenchyme, l’échographie permet aussi de visualiser la contraction du diaphragme. « C’est une technique non invasive et incontournable dans ce cadre et cela est intéressant en cas de suspicion de paralysie diaphragmatique », explique la Dr Delestrain.
En néonatologie, les applications sont également multiples : évaluation des malformations pulmonaires (MAKP), hernie diaphragmatique, syndrome de détresse respiratoire aiguë, détresse respiratoire transitoire, dysplasie bronchopulmonaire…
Un besoin de formation
Comme tout examen complémentaire, il faut interpréter l’échographie pulmonaire dans le contexte clinique ; elle est de plus « opérateur-dépendant ». Mais sa principale limite réside dans le fait que l’on n’analyse que la périphérie du poumon.
En pédiatrie, cet examen se développe petit à petit mais son implantation est actuellement freinée par le manque d’appareils dans les services hospitaliers et de formation à la technique. « En néonatologie, la Dr Nadia Yousef (Hôpital Antoine-Béclère, Clamart) organise des formations à l’échographie. Afin de développer ces formations en pédiatrie, nous avons créé un groupe de travail nommé le G-Echo Junior*. Nous avons commencé à former les médecins inscrits au DIU de pneumo-pédiatrie, avec l’idée d’étendre la formation aux pédiatres hospitaliers ou libéraux. Malheureusement, avec la crise sanitaire, les formations pratiques en pâtissent », déplore la Dr Delestrain.
Enfin, la télé-échographie, déjà utilisée chez les adultes, est actuellement à l’étude dans le service de pédiatrie du CHIC ; elle pourra être intéressante pour faire un diagnostic à distance.
Nous avons créé le G-Echo Junior*, avec l’idée d’étendre la formation aux pédiatres hospitaliers ou libéraux
Entretien avec la Dr Céline Delestrain, Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil * formation.gecho.fr (1) Balk, DS et al. Pediatr Pulmonol 2018(53):1130-9 (2) Berce V et al. Sci Rep 2019(9):17957 (3) Bueno-Campaña M et al. Pediatr Pulmonol 2019(54):873-80 (4) Cohen SG et al. Ann Emerg Med 2020(76):S46-55 (5) Volpicelli G et al. Am J Emerg Med 2006(24):689-96 (6) Denina M et al. Pediatrics 2020(146)
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