UNE VOIE de réflexion dans le traitement des enfants atteints d’un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) est ouverte : celle des agonistes glutamatergiques. Elle repose sur une vaste enquête génétique menée, de façon internationale, sous la houlette de Hakon Hakonarson (Philadelphie). Ces chercheurs ont mis en évidence des variations génétiques chez environ 10 % des enfants de leur cohorte, essentiellement sur quatre gènes codant pour les récepteurs glutamatergiques.
Comme la plupart du temps en la matière, l’équipe a, dans un premier temps, mis en évidence les anomalies génétiques sur une cohorte d’enfants, puis, dans un second temps, a confirmé sa découverte auprès de plus grands nombres.
Pour la première étape, donc, les chercheurs ont enrôlé 1 013 enfants atteints de TDAH et 4 105 témoins indemnes (âgés de 6 à 18 ans). Pour 664 des jeunes patients les informations sur les parents étaient indisponibles, pour les 349 autres, elles étaient connues pour père et mère. L’équipe a réalisé une recherche du nombre de variations de copies ou CNV (pour copy number variation) du gène étudié sur l’ensemble du génome de ces participants, tous d’origine ancestrale européenne. L’analyse a été réalisée à partir de 550 000 SNP (polymorphisme d’un seul nucléotide). Il s’y était ajouté un test de QI afin d’exclure ceux dont le quotient était inférieur à 70.
Des gènes de la famille GMR.
Pour la seconde étape, ils ont évalué la significativité statistique de leur travail sur plusieurs cohortes indépendantes. Elles regroupaient 2 493 sujets atteints et 9 222 témoins, de même origines européennes.
Des CNV touchant les gènes des récepteurs métabotropiques du glutamate ont été confirmées à travers les diverses cohortes. Les équipes ont constaté des délétions du gène GMR5, codant pour le récepteur au glutamate métabotropique 5 chez 10 patients et un témoin. Des délétions ont été également constatées sur les gènes GRM7, chez 6 patients, et GRM8 chez huit autres patients. À l’inverse, des duplications de GMR1 ont été mises en évidence dans huit autres cas. Toutes ces observations ont été confirmées par RT-PCR.
Plusieurs gènes de la famille GRM jouent un rôle crucial dans la transmission synaptique, la neurogenèse et les fonctions neuronales. Autant d’activités qui peuvent être altérées au cours du TDAH. Les gènes de la famille GRM impliqués par ce travail régulent les liaisons de l’ARN, dont le rôle est connu dans l’activité synaptique spécifique du cerveau. D’ailleurs des anomalies de la connectivité cérébrale ont été également rapportées dans des affections cérébrales du développement avec troubles cognitifs, dont le TDAH.
« Les futurs travaux, concluent les auteurs, devront déterminer si des études cliniques fondées sur l’utilisation d’agonistes sélectifs de GMR comme traitement potentiel du TDAH sont justifiées chez des patients atteints et porteurs de variants des gènes GRM. »
Nature Genetics, doi:10.1038/ng.1013.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024