QUAND CERTAINS enfants passent leur mercredi au football ou au conservatoire de musique, Sylvie, 7 ans, se plaît à aider les chercheurs de l’équipe de neuro-imagerie du développement à NeuroSpin, cette plateforme du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) dédiée à l’imagerie cérébrale en champ intense. « Les enfants sont très intéressés par tout ce que nous faisons. Ils aiment comprendre », confirme le Dr Ghislaine Dehaene, pédiatre et directrice de recherche (CNRS/INSERM U562). Munie d’une protection auditive à l’intérieur de laquelle sont glissés des écouteurs, Sylvie s’enfonce calmement dans l’IRM. Grâce à un miroir placé au-dessus de sa tête, l’enfant patiente (sans bouger) en regardant un dessin animé projeté sur un écran. Les tests peuvent commencer, sous forme de séquences de 3 minutes, sur une durée totale de 45 minutes en général.
Avec les Drs Caroline Huron et Manuela Piazza, Ghislaine Dehaene (qui travaille également sur les compétences des bébés) cherche à identifier les mécanismes en cause dans les troubles de la coordination motrice d’origine développementale, tels que la dyspraxie, définie comme un défaut d’automatisation des gestes et/ou de coordination visuelle. Ces troubles (dyspraxie, dyscalculie, dyslexie) pourraient toucher de 5 à 7 % des enfants de 5 à 11 ans, soit environ 250 000 enfants scolarisés en primaire (un enfant par classe). Alors qu’ils sont d’intelligence normale, les enfants atteints de dyspraxie sont confrontés à d’importantes difficultés liées à la forme des supports scolaires, dont les pages sont surchargées d’informations visuelles, et également à la quantité d’écriture manuscrite. En effet, les gestes complexes nécessitant un apprentissage, comme l’écriture, ne deviennent jamais automatiques chez les enfants dyspraxiques, indique la psychiatre Caroline Huron devant les comédiens Thierry Lhermitte et Virginie Efira, parrains de la Fondation pour la recherche médicale (FRM). « Ce sont des enfants qui renversent beaucoup, tombent de vélo, se cognent dans les poteaux », précise-t-elle.
Anomalies cérébrales.
Ces perturbations, qui apparaissent en l’absence de lésion cérébrale avérée, ont longtemps été mises sur le compte d’une immaturité de l’enfant, d’un trouble affectif ou d’un manque de stimulations. Aujourd’hui, on soupçonne de « discrètes anomalies » survenues lors du développement du cerveau d’être à l’origine de ce trouble. Grâce à l’apport de l’imagerie par résonance magnétique, qui permet d’explorer le cerveau de manière non invasive, l’équipe de Ghislaine Dehaene veut ainsi caractériser les déficits sur le plan cognitif et cérébral pour en comprendre les mécanismes physiopathologiques.
La première étape du projet, qui a reçu une subvention de 240 600 euros de la FRM (frm.org), « premier partenaire caritatif de la recherche médicale publique française », consiste à améliorer la définition des symptômes de chaque patient avec une évaluation précise de ses compétences numériques (notamment liées au calcul, aux comparaisons de quantités), de son écriture manuscrite et de ses performances visuelles, en particulier de ses capacités d’attention et d’orientation dans l’espace. En parallèle, les chercheurs s’intéressent aux anomalies cérébrales associées à ces déficits, en analysant en particulier la région pariétale et les connexions frontopariétales déjà impliquées dans des troubles similaires acquis chez l’adulte. Les résultats de ces études, attendus dans trois ans, devraient permettre d’identifier les défauts du fonctionnement cérébral associés à ces symptômes, de façon à pouvoir proposer des approches rééducatives appropriées.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024