En 125 ans, le sujet de l'ophtalmologie pédiatrique n'avait jamais été abordé. C'est chose faite cette année, avec le premier rapport de la Société Française d'Ophtalmologie consacré à ce thème et qui sera présenté prochainement lors du congrès annuel de la SFO.
L'ophtalmologie pédiatrique n'est pas de la pédiatrie spécialisée en ophtalmologie, mais bien une composante de l'ophtalmologie s'intéressant à l'enfant. « Son champ est très large car elle étudie l'ensemble des atteintes de l'œil et ce, à toutes les étapes du développement oculaire : de la naissance à la fin de l'adolescence », a expliqué le Pr Danièle Denis (Chef de service à l'Hôpital Nord de Marseille). L'ophtalmo-pédiatrie s'étend également à des pathologies malformatives d'origine développementale, génétique ou acquise avec un questionnement concernant le diagnostic prénatal, le conseil génétique, la conduite à tenir dans certaines pathologies infectieuses de la femme enceinte…
Troubles de la réfraction non ou mal corrigés
Les troubles de la réfraction (myopie, hypermétropie, astigmatisme) sont la cause majeure, pourtant réversible, de déficience visuelle. En 2010, l'OMS a estimé que près de 19 millions d'enfants de moins de 15 ans (les 3/4 vivant dans les régions les plus pauvres d'Afrique et d'Asie) présentaient une déficience visuelle dont 12 millions par cause réfractive. Autres causes de déficiences visuelles chez les enfants, les pathologies cécitantes organiques (cataracte congénitale, glaucome congénital, rétinoblastome, rétinopathie des prématurés, craniosténoses…) qui sont aujourd'hui devenues, dans leur grande majorité, curables grâce aux progrès technologiques et thérapeutiques. Lorsque l'affection n'a pas de thérapeutique possible (par exemple, les dystrophies rétiniennes héréditaires) l'ophtalmo-pédiatre oriente l'enfant vers des structures éducatives spécialisées qui lui donneront les meilleures chances d'insertion dans la société.
Pour une standardisation du dépistage précoce
« Le risque d'amblyopie de cause organique ou fonctionnelle (réfractive ou strabique) doit être la cible de notre prise en charge pour prévenir tout handicap secondaire », a déclaré le Pr Danièle Denis. Il faut donc organiser et réaliser, le plus précocement possible, un dépistage par des professionnels de santé formés et sensibilisés. Le système français du carnet de santé propose un dépistage des affections ophtalmologiques cécitantes et des désordres oculomoteurs (strabisme et nystagmus) susceptibles d'être présents dans les deux premières années de vie (au 2e, 4e, 9e, et 24e mois), puis au moment des bilans de santé qui peuvent être réalisés en milieu scolaire, mais sans systématisation d'une pratique (examen de la réfraction et fond d'œil) ou d'un calendrier établi. « Il y a des améliorations à apporter au dépistage préscolaire qui mérite une standardisation et une uniformisation, tout en étant réellement imposé à l'échelle nationale », ajoute le Pr Michèle Denis. Pour l'enfant plus âgé, en école maternelle, le succès du dépistage varie selon les régions de 65 à 97 %. « À l'instar du dépistage de la surdité par l'examen précoce des nouveau-nés, un dépistage précoce des pathologies ophtalmologiques devrait être mis en place. Au minimum, un fond d'œil devrait être réalisé à 9 mois », précise-t-il. Une telle mesure nécessite des moyens humains et financiers (diffusion de rétinographes, appareil de réfraction portable…) avec une priorisation de ceux-ci par les pouvoirs publics.
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