QUAND une pharyngite ne guérit pas, s’aggrave chez un adolescent ou un adulte jeune, un médecin américain, insiste sur un diagnostic à ne plus négliger depuis 5 ans : l’infection à Fusobacterium necrophorum. Même si elle demeure peu fréquente, cette pathologie peut conduire au dramatique et rarissime syndrome de Lemierre, une thrombophlébite jugulaire.
Robert Centor (Birmingham, Alabama) précise que l’infection peut être évoquée au bout de 4 à 5 jours si la pharyngite ne prend pas la voie de la guérison et que la recherche de streptocoque A est négative. Mais il n’existe pas de test biologique en pratique courante pour diagnostiquer l’infection. R. Centor espère que son travail, publié dans « Annals of Internal Medicine », fera comprendre la nécessité de la mise au point d’un test. Pour lui, le risque de syndrome de Lemierre dépasse actuellement celui de rhumatisme post-streptococcique.
En pratique, explique au « Quotidien » le Dr Martine François (ORL à l’hôpital pédiatrique Robert-Debré, Paris) « cette bactérie anaérobie est responsable de la survenue d’un phlegmon périamygdalien ou d’un abcès ORL. L’infection locale peut entraîner la survenue d’un syndrome de Lemierre, diagnostiqué par scanner ou IRM. Le tableau est impressionnant. La fièvre est oscillante mal maîtrisée par les antipyrétiques. Il existe des troubles de la conscience et neurologiques. Ces patients justifient d’une hospitalisation en service de réanimation. Fort heureusement la bactérie se montre très sensible aux antibiotiques. En général un traitement est instauré d’emblée par Claforan, fosfomycine et métronidazole. Il est ensuite ajusté en fonction des données de l’antibiogramme. »
Selon le médecin américain, les infections à F. necrophorum pourraient expliquer jusqu’à 10 % des pharyngites des 15-24 ans. Une incidence qui surprend Martine François : « nous n’avons aucune idée de l’incidence de ces infections en France, mais leur taux est certainement très faible. Il est hors de question de traiter toutes les pharyngites par antibiotiques. En revanche devant un syndrome de Lemierre, il faut rechercher la pharyngite initiale ».
Annals of Internal Medicine, 1er décembre 2009.
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