Le kératocône, une dystrophie cornéenne non inflammatoire, est défini par un amincissement et une déformation vers l’avant de la cornée, qui prend l’aspect d’un cône irrégulier. Les deux yeux sont habituellement touchés, de façon asymétrique toutefois. La maladie est plus sévère si elle débute précocement.
Le traitement jusqu’ici, et la technique du cross-linking, reposait sur la réhabilitation de la vision par des lentilles de contact, puis, lorsque les patients ne les supportaient plus, sur la pose d’anneaux cornéens et des séances de laser pour régulariser la cornée, voire sur des lentilles implantables… Anneaux et lentilles corrigent certes, partiellement, la courbure cornéenne, mais n’empêchent le kératocône d’évoluer.
Parce que le cross-linking permet de stabiliser la maladie dans plus de 90 % des cas, aujourd’hui traitement de référence des kératocônes des moins de 20 ans (dont les formes sont les plus sévères), le kératocône doit être dépisté le plus rapidement possible, à l’aide d’un système de cartographie cornéenne (dont ne disposent pas tous les ophtalmologistes).
Polymériser le collagène
La cornée est dans un premier temps désépithélilisée (technique « EPI OFF »). On y applique ensuite une substance photosensible (la riboflavine) et on l’expose à des UVA pendant quelques minutes afin de polymériser le collagène et de rigidifier la cornée. Le cross-linking est réalisé sous anesthésie locale, en une séance d’une demi-heure. L’intervention elle-même est indolore, mais la douleur post-opératoire, pendant 4 à 5 heures, oblige à la prescription d’antalgiques forts. Elle pourrait être diminuée et la cicatrisation facilitée si l’on laissait intacte la cornée (technique « EPI ON »), une stratégie encore marginale, peut-être plus particulièrement destinée aux cornées minces.
Une lentille pansement doit être portée au décours, 48 à 72 heures, le temps de la réépithélialisation de la cornée. La vision est encore brouillée au plus 3 semaines après l’intervention, en raison de l’œdème réactionnel, mais la correction cornéenne est rapide et l’amélioration se poursuit à distance.
Si la cornée était très déformée, et une fois le cross-linking réalisé qui stabilise la maladie, la réhabilitation de la vision par des lunettes ou des lentilles est alors possible. L’intervention se fait en routine depuis une dizaine d’années et les contre-indications opératoires sont rares, hors des antécédents d’herpès oculaire ou une cornée trop mince. Après 20 ans, le cross-linking n’est indiqué que pour les formes évolutives, excepté donc pour les formes très évoluées où la kératoplastie est la seule solution.
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