Nonobstant son grand âge, le Père Noël est branché high-tech. Cette année, il va livrer pour la première fois en grand nombre des casques de réalité virtuelle, proposés désormais à des prix accessibles et que s’arrachent adultes comme enfants.
Leur utilisation est parfois bénéfique en termes de santé : des hôpitaux américains s’équipent pour proposer à des petits malades d’effectuer dans leur lit des promenades à cheval, de la plongée sous-marine, ou du tourisme au bout du monde. L’évasion est garantie. Mais les effets à long terme sont-ils anodins ?
Le Pr Gilles Renard, ancien chef du service ophtalmologie de l’Hôtel-Dieu, directeur scientifique de la Société française d’ophtalmologie (SFO), met en garde contre trois risques : « La cinétose, autrement dit le mal des transports, provoqué par une dissociation majeure entre les perceptions de l’œil et celles de l’oreille interne. Comme en voiture, les enfants vont y être davantage sujets, ils vont se plaindre de sensations de nausées qui peuvent entraîner des vomissements. Ce risque, rebaptisé « mal de réalité virtuelle », est le moindre car, dès l’apparition des symptômes, l’enfant va spontanément retirer son casque et s’en trouver aussitôt soulagé. »
Un autre risque auquel exposent ces casques est lié à l’écartement fixe de leurs deux images : « Les yeux de l'enfant doivent effectuer le réglage que ne permet pas le casque, avec un effort soit de convergence, soit, plus pénible, de divergence, pour placer les yeux en face des images. Ces efforts entraînent une fatigue qui, à la longue, va dissuader l’enfant de poursuivre le jeu. »
Bonhomme rouge et lumière bleue
Mais c’est un troisième risque qui préoccupe surtout les ophtalmologues : « Les casques émettent une lumière bleue sur la longueur d’onde de 515 à 555 nanomètres. Or, les essais effectués chez l’animal ont montré que cette lumière était toxique pour les cellules de la cornée et du cristallin, avec des altérations cumulatives à vingt ou trente ans. C’est donc dans vingt ou trente ans, qu’on pourra évaluer chez ces jeunes des phénomènes de DM (dégénérescence maculaire) qui ne seront plus LA (liées à l’âge), mais au jeune âge. On aura inventé une nouvelle pathologie ! »
En l’absence de preuve, en application du principe de précaution, le directeur scientifique de la SFO recommande de limiter à quinze minutes le temps d’exposition chez les enfants jusqu’à l’âge de dix ans.
En attendant que des améliorations techniques soient apportées, avec des filtres à lumière bleue et des molettes de réglage de l’écart pupillaire, le Dr Serge Tisseron, psychiatre et membre de l’Académie des technologies, observe que « si les fabricants eux-mêmes fixent des limites d’âge d’utilisation (12, ou 13 ans suivant les marques), c’est qu’ils sont bien conscients qu’il y a un danger et s’ils se sont décidés à commercialiser en même temps une technique au point depuis cinq ans, c’est bien pour mutualiser le problème. En fait, les clients devraient être payés pour jouer les cobayes ! »
Attention, le Père Noël ne doit pas propager pas la DMLJA (dégénérescence maculaire liée au jeune âge).
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